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You had your best-laid plans and then COVID-19 came along and hammered the entire economy. But you’ve got this – if you have the right information. Join Rob Carrick and Roma Luciw on Stress Test, a podcast guiding you through one of the biggest challenges your finances will ever face.

ROMA : Le mariage est représentatif de beaucoup des bonnes choses de la vie : la famille, l’amour, le partenariat. C’est un événement où l’on se sent bien, qui fait du bien à tout le monde. Mais d’une certaine manière, le mariage en est aussi venu à représenter les moins bonnes choses de la vie, comme la pression des pairs et le consumérisme à outrance.

ROB : L’année dernière, la pandémie a détruit de nombreux projets de mariage.  Aujourd’hui, nous prenons un peu de recul pour nous poser la question suivante : Quelle est la valeur d’un mariage?

[THÈME MUSICAL]

ROMA : Bienvenue à Test de résistance, une série de balados du Globe and Mail qui étudie la façon dont la pandémie a transformé les règles des finances personnelles pour les membres de la génération Z et les milléniaux.

Je m’appelle Roma Luciw, je suis rédactrice en chef de la rubrique des finances personnelles du Globe and Mail.

ROB : Et je m’appelle Rob Carrick, je suis chroniqueur en finances personnelles au Globe and Mail.

ROMA : Rob, voilà la saison des mariages qui revient. En fait, c’est à peine si je m’en rends compte. C’est incroyable, pouvoir m’habiller autrement qu’en mou!

ROB : J’ai peur d’être invité à un mariage, car je devrais porter une chemise avec un col et, encore pire, une cravate. Et je n’arrive vraiment pas à imaginer cela en ce moment. Que pensez-vous de l’idée de devoir mettre des tenues plus formelles après 18 mois de tenue vraiment très décontractée?

ROMA : Je suis partante! Allons-y! Tant que je peux aller quelque part, me faire faire les ongles, avoir une pédicure et porter des chaussures ouvertes, je suis partante. Mais nous sommes ici pour parler du coût des mariages. Je crois que la moyenne est de 30 000 $, mais la fourchette est bien sûr très large. Je pense que nous sommes tous les deux d’accord pour dire que si on peut se permettre de se payer un mariage, grand ou petit, il faut le faire. À vous de réaliser le mariage que vous voulez. Qu’est-ce qui vous inquiète, dans les dépenses liées au mariage?

ROB : Quand les gens dépensent plus qu’ils ne devraient, par exemple s’ils doivent emprunter pour le mariage ou utiliser toutes leurs cartes de crédit, et s’il ne leur reste rien. Vous savez, la vie est très chère aujourd’hui. Acheter une maison coûte très cher, et beaucoup de couples veulent le faire. Selon moi, si vous consacrez trop d’argent au mariage, vous perdez du terrain pour beaucoup d’autres objectifs plus importants à long terme, l’achat d’une maison par exemple. Vous devez donc soupeser avec soin ces deux objectifs l’un par rapport à l’autre.

ROMA : Il ne faut pas oublier non plus que cette journée est bien sûr une journée de festivités incroyable, une journée très spéciale. Mais ce n’est qu’une journée. En revanche, vous avez le reste de votre vie à construire ensemble. Ce n’est donc pas un début facile pour un couple. Il faut que les choses se passent bien. Il ne faut pas que vous vous disputiez au sujet de quelque chose, que vous soyez inquiets pour l’argent, que vous soyez stressés.

ROB : Parlons un peu des problèmes que la pandémie a causés aux couples qui prévoyaient se marier au cours des 18 derniers mois. Avez-vous entendu des histoires?

ROMA : J’entends beaucoup parler de perturbations et d’incertitude. Des couples qui se battent pour être remboursés après l’annulation de leur mariage, des poursuites en justice.

ROB : Je crois que beaucoup de gens avaient de grands projets. Et ça a dû être vraiment stressant d’avoir mis tant d’argent dans un projet et, tout d’un coup, boum, il a fallu tout annuler sans aucune, aucune idée du moment où cela pourra reprendre.

ROMA : Je trouverais ça vraiment stressant. Et le mariage, c’est stressant. Je m’en souviens. Mais ça fait un moment, et nous avons donc voulu trouver quelqu’un qui s’est marié pendant la pandémie, pour lui demander comment cela s’était passé, sur le plan financier. Nous avons trouvé quelqu’un qui a pris une grande décision juste au bon moment. Nous y venons tout de suite après.

PRÉ-LANCEMENT : Cette baladodiffusion vous est présentée par Investissements RPC. Vous pouvez être rassuré, le Régime de pensions du Canada est là pour vous. Nous investissons pour garantir que le RPC demeurera solide, durable et sûr, à long terme, pour des millions de Canadiens. Pour en savoir plus, allez à l’adresse investissementsrpc.com.

ROB : Nous voulions trouver quelqu’un qui avait beaucoup réfléchi aux coûts de son mariage et qui s’était marié pendant la pandémie. La voici.

JASMINE : Bonjour, je m’appelle Jasmine. Je vis à Hamilton, en Ontario, et j’ai 24 ans.

ROB : Jasmine Fares est une influenceuse sur les médias sociaux. Jasmine, son mari Dawoud et leur chat sont partout sur Tiktok, YouTube et Instagram, où elle a 400 000 abonnés.

JASMINE : Ce que j’aime dans mon travail, c’est que je suis en contact avec des gens du monde entier. Et le fait de pouvoir représenter des gens qui me ressemblent, des gens qui sont musulmans, des femmes qui portent le hijab. C’est vraiment une chance, parce qu’on ne voit pas beaucoup de gens comme moi dans les médias. Je suis une Canadienne d’origine libanaise. Mes parents sont nés au Liban, je suis née à Toronto, au Canada. La culture est un élément très important dans notre famille. La religion aussi.  La culture islamique et la culture libanaise ont joué un rôle important durant mon enfance et dans mon éducation.

ROB : Si vous suivez déjà Jasmine sur ses réseaux sociaux, vous savez que sa relation avec son mari Dawoud a évolué assez rapidement.

JASMINE : Je l’ai rencontré en mars 2018. Et puis en juin ou juillet, nous avions déjà pris la décision, nous savions que nous étions faits l’un pour l’autre, nous voulions passer à l’étape suivante, dans notre culture c’est une petite réunion avec la famille pour parler de la relation et de la façon dont elle va évoluer.

ROB : Les deux familles encourageaient le jeune couple.

JASMINE : Et c’est à ce moment que l’organisation du mariage vous frappe en plein visage. Parce que dans notre culture, tout le monde veut que les choses aillent plus vite que la normale. Et tout le monde est très excité pour vous. Les gens veulent que les choses commencent. Je les comprends tout à fait. Mais c’est là que j’ai réalisé, tout d’un coup, ma parole, mais je vais me marier! Et je n’ai aucune idée de ce dans quoi je m’engage pour l’organisation du mariage. Je croyais en ma relation. Mais pour ce qui est de l’organisation du mariage, je n’étais pas prête.

ROB : Et quand il s’agit de mariage, les attentes sociales sont fortes, n’est-ce pas? Nous les ressentons tous.

JASMINE : Nous nous sommes dit : « La tradition veut qu’on organise une fête de mariage. C’était donc le processus de réflexion normal pour nous, et il ne nous est jamais venu à l’esprit qu’il y avait une autre possibilité.

ROB : Au début, Jasmine était enthousiaste de s’être fiancée.

JASMINE : Mais quand les préparatifs du mariage ont commencé, la réalité m’a frappée de plein fouet. Nous parlions d’inviter quelque chose comme... au moins 400 personnes. Cela fait beaucoup de monde. Quand les gens me disent : « Nous avons fait un très gros mariage, il y avait 150 personnes », je leur réponds : « Je crois que tu n’es jamais allée à un mariage libanais. » [rires] Il fallait donc prévoir environ 50 000 dollars, juste pour le nombre de personnes que nous allions inviter.

ROB : 50 000 $, c’est une somme. Quels étaient vos revenus à l’époque?

JASMINE : Je dirais qu’à nous deux, nous gagnions probablement 80 000 $. Nous faisions environ 40 000 $ chacun.

ROB : Le partenaire de Jasmine est très bon pour mettre de l’argent de côté. Ils étaient dans la vingtaine, mais il travaillait dans le restaurant familial depuis plusieurs années. Et il épargnait dans un but précis.

JASMINE : Il voulait éventuellement utiliser cet argent pour acheter quelque chose d’utile, une maison par exemple. Alors quand nous avons réalisé que nous devions verser pour le mariage la même somme que celle qu’il avait mis tant d’années à économiser, nous avons été vraiment stressés. Nous nous demandions ce que nous allions faire. Qu’étions-nous censés faire? Devons-nous trouver un autre emploi?

ROB : C’est à ce moment que Jasmine a reçu un conseil inattendu.

JASMINE : Je parlais au téléphone avec ma mère. Je précise ici que ma mère n’a pas pu fêter son mariage. Elle a donc toujours rêvé au mien.  Mais quand elle a compris que j’étais vraiment stressée par les finances, elle m’a prise par surprise et m’a dit : « Et si vous ne faisiez pas de grande fête? » J’étais vraiment sidérée. Était-ce même possible? Comment ça, il y a des gens qui ne font pas de fête? Ma mère n’avait pas fait de fête pour son mariage, et elle l’a toujours regretté. Mais elle m’a dit que si notre choix était de ne pas faire de réception de mariage, c’était très différent.

ROB : Et ce n’est pas tout ce que maman avait à dire.

JASMINE : En effet. Elle m’a dit : « Tu sais, pourquoi ne pas juste faire une petite réunion de famille et appeler ça ton mariage? Vous économiseriez de l’argent et pourrez l’utiliser pour acheter votre maison? Ne préférez-vous pas acheter une maison plutôt qu’être locataires? Quand j’ai raccroché, j’ai tout de suite appelé mon mari. Il était au travail. Je lui ai dit que j’avais parlé à ma mère. Et qu’elle m’avait dit que nous ne devions pas faire de grande réception de mariage si cela nous stressait. J’étais très nerveuse de lui dire ça. Il m’a demandé si j’étais sérieuse? Il s’est pratiquement mis à pleurer. Il m’a dit : « Oh, mon Dieu, tu ne m’as jamais rien dit de plus merveilleux. » [rires].

ROB : Je pense qu’il était plutôt soulagé. Ils ont commencé à chercher une maison et ont trouvé une maison en préconstruction, qu’ils ont achetée en 2019. Cela correspondait davantage à leurs objectifs financiers.

JASMINE : Nous n’avons pas eu à mettre une énorme mise de fonds pour réserver la maison. Nous avons commencé avec 10 000 $, simplement pour réserver la maison et signer. Nous avons dû à nouveau verser 10 000 $ quelques mois plus tard. Puis, au moment de la signature, nous avons versé 110 000 $, ce qui correspondait à 20 % du prix de la maison, le revenu de mon mari n’étant pas suffisant à l’époque pour conclure ou au moins contracter un prêt hypothécaire. Il nous fallait donc un cosignataire et, Dieu merci, mon beau-père était prêt à faire cela pour nous, c’était vraiment très gentil de sa part. Nous avons fini par obtenir 110 000 $ parce que mon mari avait économisé un peu d’argent. J’ai vraiment dû faire de gros efforts pour économiser, car ce n’est vraiment pas ma force. Mais j’ai réussi à économiser entre 20 000 et 25 000 $ pendant cette période parce que j’ai arrêté de dépenser de l’argent pour le maquillage, les vêtements et toutes ces choses que je fais normalement, et je me suis concentrée sur notre objectif.

ROB : Même s’ils ont renoncé au grand mariage, ils ont tout de même fêté l’événement. D’abord, ils ont réuni un petit groupe dans leur jardin pour célébrer leurs fiançailles.

JASMINE : Pour les fiançailles, nous avons dépensé en tout entre 2 000 et 3 000 $. Pas grand-chose.

ROB : Ensuite, ils ont souligné la date de leur mariage par une séance photo et un dîner au restaurant de la famille de son mari.

JASMINE : La séance photo nous a évidemment coûté un peu d’argent. Le dîner a été gratuit parce que nous avons mangé au restaurant de mon mari. Nous n’avons pas eu à dépenser beaucoup d’argent.

ROB : Mais il y a une chose pour laquelle Jasmine a décidé de faire quelques folies.

JASMINE : J’avais en fait trois robes parce que, quand même, je ne faisais pas de grand mariage, alors j’ai quand même voulu faire une séance photo avec trois robes différentes et m’amuser un peu. Sincèrement, je pense que ça a été ma meilleure décision, cette séance photo. Au moins pour avoir de belles images en souvenir. Et nous avons des photos sur le thème « robe blanche, smoking noir », sans avoir beaucoup dépensé. Nous avons donc pu vivre ce moment magique, mais entre nous.

ROB : Au final, leur choix d’avoir une bonne mise de fonds plutôt qu’un gros mariage a été le bon.

JASMINE : Parce que maintenant, j’ai compris qu’un mariage peut être tout ce que vous voulez qu’il soit.

ROB : Je pense que Jasmine a peut-être la meilleure maman du monde. Elle lui a fait un beau cadeau en enlevant la pression et en les laissant prendre la décision qui leur convenait. Plus de parents devraient s’en inspirer. Qu’en pensez-vous, Roma?

ROMA : Je pense que c’est incroyable que Jasmine et son mari aient pu faire ce qu’ils voulaient et que leurs parents les aient fêtés et aient été heureux pour eux. Ils ont pu faire ce qu’ils voulaient, et ils se sont sentis appuyés. C’est une victoire sur toute la ligne.

ROB : En fait, on dirait qu’ils ont eu un très beau mariage, et qu’ils ont une maison. Prenez note tout le monde.

ROMA : Je vais maintenant parler avec une experte, d’après qui la pandémie nous donne en fait l’occasion de repenser les mariages. Et il était temps. Nous en parlons tout de suite après.

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ROMA : Lorsque Karen Cleveland a organisé son mariage, elle a découvert ce qu’elle appelle le « complexe industriel du mariage ». Et cela lui a donné envie d’écrire, avec sa coauteure Michelle Bilodeau, un livre intitulé The New Wedding Book: A Guide To Ditching All the Rules. J’ai interrogé Karen pour connaître son point de vue sur la façon dont nous devrions repenser les mariages.

Karen, votre livre est génial. Vous y remettez en question la nécessité de ce jour parfait, élaboré et coûteux, créé par ce que vous appelez le « complexe industriel du mariage ». Et vous encouragez les couples à tracer leur propre chemin. Pourquoi avez-vous écrit ce livre sur le rejet de toutes les règles du mariage?

KAREN : Merci du bien que vous dites de notre livre, Roma. Le livre prend vraiment racine dans mon expérience du mariage, et dans celle de ma coauteure, Michelle. Nous avons toutes deux eu l’impression d’être presque dupées. Il y avait cette attente sur la façon d’organiser notre mariage qui ne correspondait pas à ce que nous étions, en tant que femmes. Et plus nous en parlions dans notre réseau social, plus nous réalisions que nous n’étions pas seules. Cela ressemblait presque à un confessionnal. Si on enlevait le vernis, tout risquait de s’écrouler. Et c’est ce qui a donné notre livre.

ROMA : Vous avez dit que vous vous êtes senties dupées? Pourquoi?

KAREN : Je me suis sentie dupée par l’autre côté de l’organisation de mon mariage, oui. Parce que j’ai eu l’impression d’avoir une énorme industrie sans scrupules, qui me traitait comme une tête de linotte pour que je dépense sans compter. Toute cette expérience, dès l’essayage des robes. Vous savez, bien évidemment on ne parlait jamais d’argent, on supposait que j’allais faire sauter la banque pour une robe. Mais ce n’est pas moi, ça. On cherche à vous faire croire que si vous ne faites pas tout pour votre mariage, il va mal se passer. J’ai donc eu l’impression que tout était remis en question, même mes objectifs financiers et mes valeurs féministes. Et cette idée que j’étais la moitié d’un couple qui se mariait. Nous avons affaire à du marketing extrême. Je me demandais : « Que penses ma moitié dans tout ça? Je ne veux pas assumer ces décisions toute seule. »

ROMA : D’accord, expliquez-moi les chiffres au Canada. Quel est le coût moyen d’un mariage?

KAREN : Le coût moyen d’un mariage varie un peu selon l’endroit, mais c’était entre 28 000 et 32 000 $, avant la pandémie. Donc, étant donné que les mariages ont sans doute été minimalistes depuis un an, cette moyenne va baisser. Mais avant cela, elle tournait autour de 30 000 $.

ROMA : C’est beaucoup d’argent, 30 000 $. Dites-moi quels extrêmes vous avez pu observer.

KAREN : J’en ai vu, des mariages, et j’ai vu de tout, j’ai même des amis qui se sont mariés pour quelques centaines de dollars à l’hôtel de ville et ont emprunté une tenue. C’est vraiment extrêmement variable. Vous pouvez vous marier avec un tout petit budget, mais vous pouvez aussi faire quelque chose d’aussi grandiose, d’aussi somptueux et d’aussi exagéré que possible.

ROMA : Donc on peut parler de centaines et de centaines de personnes et de milliers et de milliers de dollars.

KAREN : En effet. C’est vraiment facile de se laisser emporter. Qu’est-ce qui différencie un mariage à 30 000 $ d’un mariage à 50 000 $? Et pourquoi ne pas avoir 500 personnes, tant qu’à y être, si vous en avez déjà invité 300. C’est facile de voir à quel point les choses peuvent prendre des proportions démesurées.

ROMA : Ouais, revenons un peu en arrière. Combien de couples ont un budget et, quand je dis budget, je veux dire un montant réaliste qu’ils ont l’intention de dépenser quand ils commencent à planifier leur mariage?

KAREN : Je pense que la plupart des couples se lancent dans l’organisation d’un mariage en ayant un budget. Mais le problème, Roma, c’est que ce budget du mariage considère le mariage séparément de l’ensemble des objectifs financiers du couple. Dans ce cas, quelle importance que vous affectiez 20 % du budget à la décoration florale si vous n’avez aucune idée de l’argent que vous avez à dépenser. C’est donc un aspect auquel nous consacrons beaucoup d’attention dans le livre : nous encourageons les couples à faire le point et à examiner comment leur mariage s’inscrit dans leur plan financier d’ensemble. Je peux vous dire qu’une enquête du site de liste de mariage en ligne Zola révèle que 95 % des couples se demandent comment ils vont payer pour leur mariage. Ce n’est donc pas comme si le fait d’avoir un budget vous épargnait ce stress. Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond, quelque chose qui ne va pas si la plupart des couples qui se marient ont des craintes quand ils pensent à l’argent.

ROMA : Mais qu’est-ce qui a tendance à faire grimper le budget? Où commence-t-on à voir les signaux avertisseurs ou des choses qui se mettent à déraper?

KAREN : Cela va sembler un peu alarmiste, mais je pense que les choses se mettent à déraper dès le départ. Donc, à partir du moment où les couples décident de se marier, ils se heurtent non seulement à ce qu’eux-mêmes attendent de leur mariage, en tant qu’individus et en tant que couple, mais aussi aux attentes des parents, et même aux pressions culturelles. Et puis ils se retrouvent face à ce tsunami créé par le complexe industriel du mariage, qui est obsédé par ce que nous appelons la course aux armements du mariage, le concours du mariage le plus cool, le plus intéressant, le plus instagrammable comparativement à celui des amis. Il y a ce mythe selon lequel c’est votre journée, une journée pour faire ce que vous voulez, et comme vous le voulez. Ce n’est évidemment pas vrai. J’aimerais que l’on célèbre d’autres jours avec le même degré d’enthousiasme que les mariages. Mais je pense que la pression dans l’organisation des mariages exploite le côté romantique de l’événement. Tout le monde aime les beaux mariages. Et la pente est vraiment glissante. Car quand l’argent et les émotions s’entrechoquent, le danger est réel.

ROMA : Parlez-moi de la répartition de la plupart de vos coûts, si vous organisez un mariage.

KAREN : Cela dépend. Si l’on regarde le modèle plus ancien, celui du mariage traditionnel, vous allez sans doute faire une fête, et vous allez nourrir les invités. Cela représente une dépense élevée : la location de la salle, le traiteur et la boisson. Mais nous voyons maintenant des mariages où, par exemple, la mariée a deux ou trois robes et elle se change durant la soirée. Encore une fois, la surenchère, il faut toujours plus, et cela fait vraiment monter ces coûts en flèche.

ROMA : Et tout ce qui concerne le jour J? En plus de ce qui se passe le jour où vous dites « je le veux »...

KAREN : Oui, il y a beaucoup de frais cachés. Nous les étudions dans le livre, et demandons aux couples ce qu’ils auraient aimé savoir avant leur mariage et qui a fini par leur faire exploser leur budget. Cela va de la surprise de devoir payer pour la coiffure et le maquillage d’autres personnes jusqu’à l’ensemble de cette industrie des enterrements de vie de garçon et de jeune fille. Je ne savais vraiment pas que tous les amis et tous les membres de la famille, des deux futurs mariés, étaient censés aller à Cabo ou à Nashville pour participer à une fête. Avec le nombre d’invités, cela représente des coûts considérables. Qui peut se permettre cela? Pourtant, c’est devenu normal et tout le monde fait de tels voyages alors qu’évidemment, de façon réaliste, tout le monde ne peut pas se le permettre.

ROMA : Donc, si on considère le coût global du mariage, qui paie?

KAREN : Cela dépend. D’après des recherches que j’ai vues, 90 % des couples paient pour leur propre mariage. Et puis j’ai lu récemment, dans l’International Wedding Trend Report, que 68 % des couples paient eux-mêmes l’intégralité de leur mariage. Mais je sais aussi que la plupart des couples s’endettent. Et c’est le problème. BMO a récemment rapporté que 60 % des couples puisent dans leurs économies et leurs placements. C’est assez effrayant. Beaucoup de couples empruntent, utilisent au maximum leurs cartes de crédit, ou même empruntent pour leur mariage.

Tout ça, pour quoi? Pour une fête qui dure six à huit heures. Je pense que l’aspect essentiel à ne pas oublier est qu’après une année comme celle qui a été marquée par la COVID, qui a vraiment mis à genoux beaucoup de gens financièrement, quelqu’un devra payer la facture de ce mariage. Je sais qu’argent et amour ne font pas bon ménage. Même si nous ne sommes pas censés parler d’argent dans le contexte du mariage, il faut le faire. En effet, voulez-vous que vos parents s’endettent pour que vous fassiez un mariage somptueux? Êtes-vous à l’aise avec ça? Voulez-vous que vos parents hypothèquent à nouveau leur maison? Voulez-vous prendre tout l’argent que vous aviez prévu pour acheter un appartement pour faire une fête encore plus énorme? Si c’est ce que vous voulez, pas de problème. Par contre, je suis convaincue que les couples doivent avoir ces conversations plutôt délicates afin de pouvoir prendre des décisions réfléchies en toute connaissance de cause, et comprendre les répercussions de leur mariage sur leur avenir financier.

ROMA : J’ai l’impression que, d’une certaine manière, l’organisation d’un mariage est un très bon test pour les discussions financières que vous aurez une fois mariés.

KAREN : Tout à fait d’accord. L’examen de 115 études sur le divorce a révélé que les couples qui se disputent au sujet des finances au moins une fois par semaine ont 30 % plus de chances de divorcer. Et les couples qui dépensent sans compter pour leur mariage sont plus susceptibles de divorcer que les couples qui respectent un budget serré. C’est donc la réalité. Il ne s’agit pas seulement de votre avenir financier. Cela peut avoir un impact sur la réussite de votre mariage.

ROMA : Intéressant. Pour ma part, j’ai l’impression d’avoir moins entendu parler de gens qui organisent de grands mariages compliqués ces dernières années, même avant la pandémie. Je me trompe? Ou l’industrie du mariage commence-t-elle à évoluer un peu?

KAREN : Je ne sais pas. Je pense que cela dépend de la source d’information et de la façon dont nous l’interprétons. Pour ma part, je vois encore de très grands mariages absolument fastueux. Enfin, avant la pandémie bien sûr. Mais nous assistons à une évolution dans la société. Le mieux, selon moi, est que les couples ont maintenant une voie alternative grâce à la pandémie. Après une année de très beaux mariages intimes, les couples peuvent s’en inspirer et trouver que c’est une bonne alternative. En revanche, nous nous heurtons aussi à la pression du retour au faste et à la grandeur, de la part surtout des médias sociaux, de la culture des célébrités, des pressions culturelles ou de la famille. Comme vous le voyez, il se passe beaucoup de choses en même temps, mais la bonne nouvelle pour les couples, c’est qu’ils peuvent choisir. Un petit mariage intime a quelque chose de très romantique. Ces petits mariages ont permis aux couples de se libérer de toutes ces autres pressions qui pèsent sur l’organisation du mariage.

ROMA : Quelles sont les statistiques qui vous ont le plus frappée lorsque vous avez fait des recherches sur la situation actuelle des mariages ?

KAREN : Je vais vous dire quelque chose d’incroyable : l’industrie du mariage représente chaque année un chiffre d’affaires de 72 milliards dans le monde. Oui, j’ai bien dit milliards. C’est une véritable industrie. Et elle est gigantesque. Quand les couples sont capables de se détacher de cette industrie et de faire en sorte que leur mariage soit le reflet de leurs valeurs, cela me donne de l’espoir. Je crois que la pandémie a en quelque sorte forcé cette prise de conscience. Mais rien ne me frappe autant que les chiffres qui révèlent l’ampleur de cette industrie. Cette industrie bien huilée au marketing parfaitement au point.

ROMA : Il y a une partie de votre livre que j’ai trouvée vraiment intéressante. Vous parlez des marges sournoises, dans l’organisation des mariages, et vous donnez un exemple précis. Parlons des fleurs.

KAREN : Oui, les fleurs. Bien sûr, tout le monde aime les fleurs, elles sont magnifiques. Comme tout le monde, j’adore les fleurs fraîchement coupées. Mais elles sont vraiment très mauvaises pour l’environnement. Et aussi pour le porte-monnaie. Pourquoi faut-il importer de Hollande des fleurs qui ne sont pas de saison? En avez-vous vraiment besoin? Il y a pourtant des solutions de rechange. J’ai une belle histoire à vous raconter. Je l’appelle l’histoire des bougies voyageuses. Il y a quelques années, l’une de nos amies s’est mariée et a dépensé beaucoup d’argent pour des bougies blanches. Après le mariage, comme elles n’avaient été allumées que quelques heures, elles étaient encore en parfait état. Je lui ai proposé de les lui racheter. Je les ai utilisées pour mon propre mariage. Ensuite, je les ai mises sur Kijiji et je les ai vendues pour 30 dollars, ou quelque chose comme ça, six mois après mon mariage. Pourquoi dépenser des milliers de dollars pour des fleurs qui, même très belles, représentent un gaspillage éhonté.

Cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas être romantique. Mais on peut l’être de façon différente. Il y a un autre exemple dans le livre. C’est une histoire vraiment incroyable. Nous conseillons aux couples de mettre la pression sur leurs fournisseurs en leur disant qu’ils organisent une réception, mais sans préciser un détail insignifiant, le fait que la réception est un mariage. La personne dont nous faisons le portrait dans le livre s’adresse à un grand photographe qu’elle aime vraiment. Elle obtient un excellent devis pour que le photographe vienne prendre des photos pendant six heures, elle s’entend sur le budget, tout le monde est sur la même longueur d’onde. Ils sont satisfaits. Environ un mois avant le mariage, le photographe se présente et demande : « Au fait, qu’est-ce que je vais photographier ce jour-là? » Le couple répond : « Ce sera notre mariage. » Instantanément, le photographe double son tarif. Pourtant, le service n’est pas différent. Il n’envoie pas d’équipe supplémentaire, il ne loue pas d’équipement supplémentaire, il ne leur donne rien, à la fin de la journée, qui ne soit pas ce qui était déjà convenu. Et il a l’audace de doubler le tarif. Parce que c’est un mariage. C’est la même chose pour toutes les dépenses. Les robes, par exemple. La coiffure et le maquillage pour un mariage coûtent plus cher que si vous allez vous faire coiffer ou maquiller un jour ordinaire. Heureusement, plus les couples seront informés, plus ils remettront ces pratiques en question. Et l’industrie sera obligée de s’adapter.

ROMA : J’ai remarqué que vous parlez souvent de « coûts pour la mariée » plutôt que de « coût du mariage ». L’une des choses dont vous parlez dans votre livre est la nature sexuée des coûts du mariage. Vous écrivez : « L’industrie du mariage avance comme si le féminisme n’avait jamais existé. » Expliquez-moi un peu pourquoi le mariage est commercialisé comme étant son jour à elle, plus que leur jour à eux.

KAREN : Il y a vraiment beaucoup de choses à dire à ce sujet. Mais en effet, les mariages sont tout à fait genrés. Je veux dire, par nature, nous n’avons pas d’industrie du marié, n’est-ce pas? Mariage est synonyme de mariée. En tant que femmes, nous recevons ce message, ce récit vraiment omniprésent, que c’est le plus beau jour de votre vie. C’est ce grand jour, c’est le jour où vous serez célébrée et où vous serez mise sur un piédestal. On reproche souvent aux femmes d’être vaniteuses. Mais le jour de votre mariage, c’est le seul jour où vous avez le droit d’être obsédée par votre apparence. Donc vous feriez mieux de sortir le grand jeu. Ce jour-là, un brushing ne suffit pas. Vous devez investir dans des traitements de fond pendant six mois pour être sûre que vos cheveux seront magnifiques. Cela va même plus loin, maintenant. Il y a la pression pour les femmes de se faire injecter du Botox, par exemple, avant leur mariage. C’est presque devenu un soin du visage comme un autre, non? Ce n’est pas rien, parce que ça ne touche pas seulement le porte-monnaie des femmes. Ça touche également leur identité.

ROMA : Et c’est une très forte incitation à dépenser.

KAREN : C’est absolument une incitation à dépenser, qui fait paraître normales des dépenses excessives, d’une manière vraiment genrée. C’est vraiment problématique, parce que ça ne laisse aucune place aux couples qui ne s’identifient pas comme des couples hétérosexuels cisgenres. Selon moi, c’est un domaine dans lequel les mariages doivent vraiment évoluer. Et ils doivent évoluer rapidement. Parce qu’une grande partie de ces constructions, que nous prenons pour des traditions, sont en fait des constructions de l’après-guerre. Elles ont été inventées et ne s’adressent en fait vraiment qu’aux couples hétérosexuels.

ROMA : Maintenant, je vais revenir aux finances, parce que c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Nous avons de jeunes adultes qui arrivent, en quelque sorte, à l’âge traditionnel du mariage, même si, bien sûr, on peut se marier à tout âge. Or, les jeunes adultes terminent leurs études avec des dettes importantes. Ils commencent leur carrière et l’objectif principal de bon nombre d’entre eux, c’est d’essayer d’économiser pour avoir une mise de fonds pour acheter une maison. Et ils doivent aussi économiser 30 000 $ pour un seul jour, ou une seule fin de semaine. Cela semble très stressant, financièrement, pour un couple. Pourquoi continuons-nous à le faire?

KAREN : Nous continuons à le faire parce que les mariages sont importants. Et je pense qu’en tant que société, nous avons en quelque sorte mélangé le mariage et les festivités. Mais si vous y réfléchissez, aucune autre institution ne reçoit le même respect que le mariage. Nous accordons encore une très grande valeur au mariage. Maintenant, bien sûr, le taux de divorce indique que nous n’accordons peut-être pas autant de valeur au mariage qu’à la fête qui le souligne. Mais il y a cette pression très forte pour que les couples fassent un mariage grandiose alors que, vous avez tout à fait raison, ce n’est pas financièrement viable pour la plupart des couples. La somme de 30 000 $ est vraiment choquante. Différents coûts liés au mariage ont doublé en dix ans. Dix ans, ce n’est pas très long, pourtant. Et évidemment, nos revenus n’ont pas doublé en dix ans. Et le prix de l’immobilier est monté en flèche, le rendant inaccessible pour la plupart des gens, du moins dans la ville où je vis, Toronto. Donc, les couples sont obligés de décider s’ils veulent vraiment une journée comme ça pour célébrer leur amour. C’est un choix riche en émotions. Mais qui ne voudrait pas le faire? Il faut cependant réfléchir à une question concrète. Où allez-vous vivre dans dix ans? Où voulez-vous aller si vous voulez construire une vie avec cette personne, ce qui est l’objectif de votre mariage? Comment voyez-vous votre avenir financier? Malheureusement, Roma, ce genre de conversation délicate n’a pas sa place pas dans la superbe iconographie du mariage. Il n’y a pas de place pour les conversations difficiles sur l’argent dans la plupart des forums sur le mariage, ni dans les magazines spécialisés, ni sur les sites Web, car les mariages sont censés être parfaits et romantiques. Pourtant, tous les couples devraient parler de ces sujets.

ROMA : Et vous savez, en fin de compte, l’une des choses que je retiens toujours d’un mariage est que le couple avait l’air vraiment heureux. Et si les mariés ont réussi à respecter leur budget, en créant et en vivant la journée qu’ils voulaient, alors ils sont souvent très heureux.

KAREN : Bien dit.

[MUSIQUE]

ROB : Karen nous a dit des choses vraiment très intéressantes et surprenantes sur le mariage. Peut-être grâce à son expérience chez Weddingbells, elle connaît l’industrie du mariage sur le bout des doigts et elle nous a exposé toutes les pressions qui s’exercent sur les couples qui se marient. Après avoir écouté cette balado, je suis sûr que les couples seront bien armés pour prendre de meilleures décisions pour leur mariage. Qu’en pensez-vous?

ROMA : Je crois que toute personne qui va se marier se rendrait service en écoutant cette balado et en prenant le temps de réfléchir à ce qu’elle veut vraiment, à ce qu’elle se sent obligée d’acheter, et à la manière de bien communiquer avec la personne avec laquelle elle va se marier, de façon à préparer la réussite financière du couple, qui conduira évidemment au bonheur conjugal. N’est-ce pas, Rob?

ROB : Exact. Absolument.

ROMA : Maintenant, nous allons passer à mes trois points à retenir.

  • Si vous voulez un mariage grandiose et pouvez pas vous le permettre, allez-y. Mais quoi que vous fassiez, évitez de vous endetter pour votre mariage. Cela vous empêcherait d’atteindre d’autres objectifs de vie.
  • Considérez votre mariage comme un test de la façon dont vous, en tant que couple, allez gérer vos finances à l’avenir. Ne le considérez pas isolément. C’est un élément de votre plan financier global.
  • Votre mariage vous concerne tous les deux. Ne vous laissez pas pousser à des dépenses dont vous ne voulez pas. Commencez votre vie de couple sans stress financier, sur des bases solides.

ROB : Merci d’avoir écouté cet épisode de Test de résistance.

Cette émission a été produite par Hannah Sung et Latifa Abdin.

La postproduction audio a été confiée à Kyle Fulton et Carlay Reem-Neal.

Notre productrice exécutive est Kiran Rana.

ROMA : Merci à Jasmine Fares. Vous pouvez la suivre sur Instagram : @JasmineFares.

Et un grand merci à Karen Cleveland, qui, avec Michelle Bilodeau, a écrit le livre The New Wedding Book: A Guide To Ditching All the Rules.

ROB : Si vous aimez notre balado, aidez les autres à le trouver en nous laissant une évaluation et un commentaire sur Apple Podcasts.

Et si vous connaissez quelqu’un qui a l’intention de se marier, n’hésitez pas à lui envoyer cette émission. Dans chaque épisode, nous nous penchons sur des moyens d’améliorer vos finances personnelles. Même pendant une pandémie.

ROMA : Vous trouverez Test de résistance (Stress Test en anglais) sur Apple Podcasts, Google Play, Spotify ou votre application de baladodiffusion préférée.

Vous nous trouverez à l’adresse globeandmail.com, où nous abordons toutes les facettes des finances personnelles.

Merci à tous de nous avoir accordé votre attention. Maintenant, espérons que nous assisterons tous très bientôt à un mariage en personne.

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