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You had your best-laid plans and then COVID-19 came along and hammered the entire economy. But you’ve got this – if you have the right information. Join Rob Carrick and Roma Luciw on Stress Test, a podcast guiding you through one of the biggest challenges your finances will ever face.

ROMA : Vivre au centre-ville, c’est vivre à proximité de toutes sortes d’activités géniales. Vous faites beaucoup de choses à pied, par exemple aller au restaurant, boire un verre un bar, assister à un concert ou prendre un café. Vos amis sont à proximité, votre travail aussi. Mais avez-vous les moyens de vivre au centre-ville? C’est ce que nous nous demandons aujourd’hui.

ROB : Roma, nous avons déjà fait cinq épisodes, jusqu'à présent. Comment trouvez-vous que les choses se passent?

ROMA : Je pense que cela devient plus facile et plus amusant à chaque épisode. J’aime beaucoup les sujets que nous abordons, ils me semblent très naturels. Ma mère a téléchargé la première baladodiffusion de sa vie sur son iPad. Un grand pas pour elle. Et mes deux enfants l'écoutent. Le plus jeune nous a réécoutés au ralenti... Très amusant! Mais ne suis pas sûre que cela comptera comme une écoute. Mon fils aîné est très intéressé par le côté technique de la baladodiffusion, mais pas par ce que vous et moi disons, Rob. Le rôle de producteur ne l’intéresse pas, il est plutôt passionné par le travail de montage sonore. Et il veut poser à TK toutes sortes de questions sur ce qu’elle fait pour que le son soit aussi bon.

ROB : Je dois dire que quand j'écoute le produit fini, je suis impressionné par le travail de montage qui a été fait, parce qu’il a fallu de très nombreuses pièces de casse-tête pour constituer une histoire qui se tient.

ROMA : On entend à peine les bruits de fond, comme les travaux de construction à côté ou le camion à ordures dehors.

ROB : Ou les camions de pompiers qui passent sur la grande avenue près de mon appartement.

ROMA : Oui, tout cela fait partie du travail à la maison pendant la pandémie. Mais cela ne remplacera pas un studio d’enregistrement.

ROB : Si la pandémie était terminée, et que tout revenait à la normale, je sauterais dans ma voiture sans hésiter et nous le ferions là-bas, en studio. Néanmoins, la façon de procéder que nous avons adoptée offre une qualité étonnante et je n’ai aucun problème avec ça. Évidemment, on ne peut pas vraiment comparer avec un studio. Mais nous faisons la preuve de notre capacité d’adaptation, et nous nous améliorons constamment.

ROMA : Vous savez, je travaillais déjà à la maison pendant une partie de la semaine avant la pandémie, mais j’aimais aussi beaucoup travailler dans la salle de rédaction le reste du temps. Et les interactions en personne m’ont manqué. Cela dit, je pense que nous sommes vraiment au point maintenant et j’apprécie le processus.

ROB : Notre sujet aujourd’hui est le coût de la vie dans le centre des villes. Nous enregistrons cet épisode environ trois mois et demi après le début de la pandémie. Je lisais justement quelque chose d’intéressant sur l'évolution du coût de la vie en ville pendant la pandémie. Les loyers à Toronto ont baissé pendant plusieurs mois de suite. Nous ne savons pas si ce sera une tendance à long terme, mais à court terme, cela met un peu de baume au cœur des nombreux habitants du centre-ville de Toronto et d’autres grandes villes du pays qui peinent à joindre les deux bouts.

ROMA : Il n’y a pas de doute. Le facteur le plus important du coût de la vie élevé dans une grande ville est le logement. Il y a aussi le mode de vie, les bars, les restaurants, les gyms, les sorties. Tous ces éléments sont importants, mais le loyer est un facteur déterminant de votre capacité à payer pour les autres aspects de votre vie.

ROB : J’ai remarqué une chose en écrivant sur les finances personnelles des milléniaux, au fil des ans : les générations précédentes, les baby-boomers en particulier, ont tendance à critiquer les milléniaux pour leurs habitudes de dépenses. Ils seraient frivoles, ils dépenseraient trop dans les bars et dans les restaurants. Or, j’ai constaté que si leurs habitudes de dépenses sont différentes, elles ne sont pas pires.

ROMA : Nous constatons en tout cas qu’ils dépensent pour les mêmes choses que leurs aînés. Ils ne jettent pas l’argent par les fenêtres. Ils tentent de vivre comme ils le veulent. Et en vieillissant, ils essaient aussi de mettre de l’argent de côté. Malheureusement, c’est plus difficile qu’avant.

ROB : C’est vrai. Les emplois sont précaires. Certains ont des emplois qui ne sont pas continus, ils ont des périodes de chômage. Les salaires stagnent, les loyers sont élevés et l’immobilier est cher. Il est plus difficile que jamais d’avoir les moyens de vivre au centre-ville.

ROMA : Et au fur et à mesure que l’on avance en âge, on se demande de plus en plus si on veut acheter une maison et avoir des enfants, à s’interroger sur la vie que l’on désire mener.

ROB : Pour chaque épisode de Test de résistance, nous parlons à une vraie personne et à un expert pour voir de quelle façon les règles de base des finances personnelles ont été mises à rude épreuve par la COVID-19. Aujourd’hui, nous parlons de ce qu’il en coûte de vivre en ville. Nous y venons tout de suite après.

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ROMA : Nous voulions entendre ce que des trentenaires avaient à dire directement sur le coût de vivre au centre d’une ville. Nous avons trouvé un groupe d’amis pour vous et les avons réunis lors d’un appel Zoom en avril, un mois après le début de la pandémie. Voici Monica, Alex et Jake.

JAKE : Bonjour, je m’appelle Jake. J’ai 33 ans. Je suis responsable du contenu SEO B2B dans une grande maison d'édition.

MONICA : Bonjour, je m’appelle Monica. J’ai 33 ans, et je suis une professionnelle des relations publiques. Je travaille à mon compte.

ALEX : Bonjour, je suis Alex. J’ai 32 ans et je dirige une petite entreprise de cannabis.

ROMA : Alex et Jake se sont rencontrés il y a une dizaine d’années, lorsque l'économie était en récession. Jeunes diplômés universitaires, ils ne trouvaient pas de travail ici et sont donc partis enseigner l’anglais en Corée du Sud. Et ils adorent encore parcourir le monde. Quand Alex est revenu au Canada, il a rencontré Monica, et...

MONICA : Alex et moi nous sommes mariés.

ROMA : Ils sont très proches tous les trois, ce qui signifie qu’ils peuvent parler d’argent ensemble.

MONICA : Nous parlons beaucoup des difficultés financières que nous vivons à Toronto. Je veux dire, nous sommes tous dans la trentaine. Nous avions tous d’assez bons emplois, avant la COVID-19. Et nous avions l’impression de nous être enfin sortis de ce marasme financier de la vingtaine. Nous regardons autour de nous et nous constatons que la plupart d’entre nous ne peuvent pas encore se permettre le mode de vie auquel ils aspiraient.

JAKE : Nous travaillons tous très dur. Nous avons des emplois plutôt bien payés maintenant, parce que nous travaillons depuis plus de dix ans pour qu’une maison puisse être une perspective d’avenir, une perspective que nous pourrons peut-être nous permettre un jour. C’est un peu une dure réalité pour nous, car nous sommes déjà dans la trentaine.

ROMA : Avant la COVID-19, Monica et Alex gagnaient très bien leur vie.

MONICA : Notre revenu pouvait fluctuer légèrement mais, ensemble, nous gagnions un peu plus de 200 000 dollars par année.

ROMA : Jake gagne lui aussi très bien sa vie, et le travail à la pige qu’il fait en plus vient compléter son revenu.

JAKE : Actuellement, j’ai l’impression qu’il faut un revenu d’au moins 100 000 $ pour qu’un puisse avoir une qualité de vie acceptable à Toronto. C’est pourquoi je suis obligé de faire du travail à la pige en plus.

ROMA : Combien coûte la location d’un appartement au centre-ville, Jake ?

JAKE : En tout, mon appartement me coûte 2 100 dollars.

ROMA : Et vous, Monica et Alex?

MONICA : Notre loyer est de 2 850 dollars.

ROMA : Au moins, ils peuvent partager le loyer.

MONICA : Alex et moi avons emménagé ensemble alors que nous ne sortions ensemble que depuis six mois, parce que c'était avantageux sur le plan financier, et non parce que c'était la bonne chose à faire pour notre relation.

ROMA : Jake vit aussi avec sa petite amie.

JAKE : Nous ne sortions ensemble que depuis deux semaines, mais les loyers à Toronto sont tellement ridicules...

ROMA : En plus du loyer, ces trois amis aiment voyager à travers le monde. La COVID-19 les a obligés à faire une pause. Mais cela a toujours été une priorité pour eux.

MONICA : Alex et moi avons même quitté nos emplois pour voyager pendant neuf mois. Et chaque année, nous faisons au moins un ou deux voyages ensemble.

ROMA : Jake voyage lui aussi.

JAKE : J’ai fait toute l’Europe, j’ai enfin fait la Turquie pour la première fois l’année dernière, j’aime visiter beaucoup d’endroits différents.

ROMA : Tous ces voyages coûtent cher, alors ils trouvent des façons d'économiser. N’est-ce pas, Jake?

JAKE : Je n’ai pas de voiture. Je prends mon vélo quand je peux.

ROMA : Et Alex?

ALEX : Au lieu de prendre un Uber ou un taxi, je marche, chaque jour, pour aller à mon travail, une heure dans chaque direction, parce que tout moyen d'économiser est bon à prendre.

ROMA : Économiser de l’argent en n’ayant pas de voiture est un avantage de la vie au centre-ville. Un autre avantage? Le choix de restaurants, qui peut être difficile à expliquer aux générations plus âgées.

MONICA : Un jour, ma belle-mère nous a demandé : « Vous semblez aller très souvent au restaurant. Comment faites-vous pour mettre de l’argent de côté? » Je sais bien que nous n’arrêtons pas de nous plaindre du coût de la vie à Toronto, alors que nous allons beaucoup au restaurant. Nous trouvons bien sûr d’autres façons d'économiser, et ce n’est pas comme si nous passions notre temps à dépenser notre argent et à nous plaindre ensuite de ne pas en avoir assez. Nous trouvons d’autres moyens d'épargner pour compenser nos sorties au restaurant. Et nous sommes frugaux dans d’autres domaines. Je crois qu’il est important de le dire parce que je ne veux pas passer pour un hypocrite qui prétend que nous ne gagnons pas assez d’argent. Vous savez, les baby-boomers ont l’habitude de dire que les milléniaux mangent trop de toasts à l’avocat et que c’est à cause de cela qu’ils ne peuvent pas se permettre de s’acheter une maison.

ROMA : C’est une question de priorités et de valeurs.

JAKE : C’est la même chose pour mes amis qui sont encore au Nouveau-Brunswick. Ils ne vont pas au restaurant tous les jours, mais ils ont deux quatre roues, une motoneige et deux voitures. Les dépenses et les économies sont quelque chose de personnel.

ALEX : J’aimerais donner mon point de vue à ce sujet. C’est vrai, nous voyageons beaucoup, mais j’ai passé beaucoup de temps à faire des recherches sur les cartes de crédit qui offrent une prime à l’adhésion, j’ai consacré des heures et des heures à ces recherches pour que nous ayons droit à des vols gratuits et donc, lorsque nous avons passé neuf mois à voyager, je crois que nous n’avons payé que pour un seul vol.

ROMA : Monica, Alex et Jake ont accepté de nous laisser jeter un coup d'œil à leurs relevés de carte de crédit pour voir comment ils dépensent. Commençons par Monica. Elle nous a laissés consulter son relevé de novembre, à l'époque où les restaurants étaient encore en pleine activité.

MONICA : Alors, jetons un coup d'œil à ces restaurants. 42 $ au Federal, 47 au Cumbrae, 30 pour me faire faire les sourcils… Ça semble être un tel luxe aujourd’hui! 17 $ au Ricardas. 15 au Sansotei Ramen. Ce sont des restaurants. Quelques déplacements Uber, ici et là. 56 $ au Marché Istanbul, j’y suis allée avec Alex et Jake, 21 $ au Seafront Fish Market. Je suis un peu gênée.

ROMA : Il y avait un billet pour un concert, là-dedans, et une veste en flanelle. Mais la plupart de ses dépenses sont des dépenses de restaurant. Monica n’est pas étonnée.

MONICA : J’ai bien plus de regrets quand j’achète une robe pour 100 dollars que quand je dépense la même somme au restaurant. Dépenser 100 dollars au restaurant ne me cause aucun problème. C’est sans doute pour cela que mon relevé ne contient que très peu d’achats.

ROMA : Alex et Monica sont mariés, mais il a une carte de crédit séparée avec laquelle ils font généralement leurs courses alimentaires. Il a examiné son relevé de décembre.

ALEX : La première dépense, c’est Virgin Mobile, notre Internet, 67,80 dollars. Ensuite, Pharmaprix pour 4,49 dollars.

ROMA : Il y a beaucoup de menues dépenses, 7 dollars par-ci, 9 par-là, Tim Hortons, l'épicerie du coin, un billet de 29 dollars pour un concert de l’orchestre symphonique. Le plus étonnant, c’est que ce relevé de carte de crédit du mois de décembre ne semble pas comporter de cadeaux.

MONICA : Nous ne nous faisons pas vraiment de cadeaux. Nous préférons faire des choses ensemble. Vous savez, chaque fois que nous envisageons d’acheter quelque chose, nous nous demandons jusqu’où cette somme pourrait nous mener en voyage, car notre principal objectif a toujours été d’aller au restaurant et de voyager.

ROMA : Et que Monica et Alex ressentent-ils lorsqu’ils lisent leurs relevés de carte de crédit à voix haute?

ALEX : Cela me fait réaliser qu’en fait, je suis un radin. Oui, c’est bien cela.

MONICA : En fait, je n’en reviens pas d’avoir dépensé 3 500 dollars en novembre, surtout en nourriture. Je n’avais jamais vraiment fait d'étude ou d’analyse de cette façon.

ROMA : Maintenant, c’est au tour de Jake. Il a lu son relevé de novembre.

JAKE : Celui-ci est en fait assez surprenant, je ne pense pas avoir jamais regardé le mois de novembre, alors que je dépensais beaucoup à l’approche de Noël. Mais par exemple, j’ai 352 dollars pour un billet Air Canada. J’en ai deux en fait, Air Canada, 352, et Air Canada, 352. Bar Poet, 100 dollars, Netflix, 17, YMCA, 66, Subway, 12. Il me semble que je mange souvent au restaurant à midi. Il faut que je m’arrête. Amazon, 310 dollars. Franchement, je ne me souviens pas de ce que j’ai acheté, ce qui est curieux parce que c’est une grosse dépense pour moi et je n’ai aucun souvenir de ce que cela peut être. Google Play, ce sont des films, j’en ai cinq, à 6,99 chacun.

ROMA : Quel est le total des dégâts pour le mois?

JAKE : 1 900 dollars.

ROMA : Nous ne leur avons pas demandé de regarder leurs relevés de carte de crédit pour leur tendre un piège. Nous étions réellement curieux à propos de la façon dont ils dépensent. Et l’expérience de lire leurs relevés à voix haute a certainement fait réfléchir ces trois amis sur ce que leur coûte leur mode de vie.

MONICA : Rien que cet exercice et le fait de regarder nos relevés de carte de crédit m’ont fait réfléchir. Il faut vraiment qu’on s’arrête de manger aussi souvent au restaurant. Mais cela signifie-t-il que nous devons arrêter de vivre notre vie pour pouvoir avoir une maison? Sommes-nous réellement prêts à sacrifier des expériences formidables pour quelque chose de matériel?

C’est un vrai défi parce que, bien sûr, lorsque nous parlons à des gens de la génération de nos parents, la plupart d’entre eux ont acheté leur maison pour environ 80 000 dollars alors qu’ils étaient dans la vingtaine. Cela teinte forcément leur point de vue et leurs conseils pour ce que nous devrions faire pour atteindre les mêmes buts qu’eux, conseils qui par conséquent ne s’appliquent pas vraiment à nous.

JAKE : Suis-je le seul à penser que, plus que jamais, le coût de la vie ici n’en vaut en fin de compte pas la peine?

ROB : C’est une question que tous ceux qui habitent dans une grande ville doivent se poser quand ils constatent que des tonnes d’argent sont aspirées par leur loyer, ou que le coût d’achat d’une maison va être prohibitif. En fin de compte, cela revient à se demander si tout cela en vaut la peine. Quand on est jeune, cela pourrait être le cas. En vieillissant, il faut commencer à prendre certaines décisions.

ROMA : Une chose vaut vraiment la peine : s’asseoir comme nous l’avons fait et examiner attentivement votre relevé de carte de crédit. Vous pourriez être surpris par ce que vous y trouverez.

ROB : J’ai remarqué une chose avec le temps : c’est au moment d’avoir des enfants que la grande décision doit être prise. Où allons-nous vivre? Qu’allons-nous faire maintenant?

ROMA : Tout à fait. Les enfants viennent tout chambouler. Une fois le bébé arrivé, vous passerez probablement moins de temps dans les restaurants et les bars, vous devrez faire un testament, vous devrez commencer à vous demander comment vous allez payer des frais comme la garderie. Tous ces éléments vont donc transformer votre mode de vie.

ROB : Pourquoi les jeunes adultes d’aujourd’hui ont-ils tant de mal à se payer le style de vie du centre-ville? Comment en sommes-nous arrivés là?

Quand je constate les difficultés qu'éprouvent les milléniaux qui veulent vivre au centre-ville, je me souviens de l'époque où j'étais dans la vingtaine, à la fin des années 80 et au début des années 90, et à la facilité avec laquelle j’arrivais à jongler avec tout. J’avais un emploi de journaliste junior à la Presse canadienne; je gagnais bien ma vie, mais rien d’extravagant. Mon loyer était extrêmement modique. Je payais dans les 400 dollars, avec mon stationnement. J’avais de l’argent pour aller au restaurant. J’avais de l’argent pour voyager. Non, je n'étais pas un épargnant très assidu, mais cela m’est venu un peu plus tard. Je n’avais pas de dette en dehors du remboursement de mon prêt-auto et j’avais l’impression d'être vraiment au sommet du point de vue financier. Je n’avais pas du tout l’impression de lutter.

ROMA : Beaucoup a changé depuis la fin des années 80. Les milléniaux arrivent à l'âge adulte à une époque très différente. Les frais de scolarité ont beaucoup augmenté, le marché du travail s’est beaucoup durci. Il y a beaucoup plus d’emplois temporaires, d’emplois précaires, d’emplois sans avantages sociaux ni retraite. Les salaires stagnent. Et le plus grand problème, c’est la hausse du coût du logement. Les loyers ont explosé. Les maisons sont devenues totalement inabordables. Tous ces éléments se sont combinés pour créer une tempête parfaite, à cause de laquelle les gens qui viennent vivre dans ces grandes villes ont vraiment du mal à joindre les deux bouts. La pandémie de COVID-19 a montré la très grande vulnérabilité des personnes qui vivent vraiment près de la limite.

ROB : J’ai vu de nombreux sondages qui montrent de quelles façons différentes générations ont été affectées financièrement par la pandémie. Il ne fait aucun doute que les milléniaux et les membres de la génération Z ont été de loin les plus touchés. Ce sont eux dont les revenus ont été les plus affectés et qui sont les plus inquiets quant à la façon dont ils vont s’en sortir.

ROMA : Les soucis d’argent sont énormes, et ils ne l’ont jamais été autant. Malheureusement, il n’y a pas de réponse facile à cette question.

ROB : Je pense que nous devons nous efforcer d’atteindre un certain équilibre à long terme dans notre vie. La vie dans le centre d’une grande ville est formidable. J’en ai vraiment bien profité pendant ma vingtaine. Et j’encourage tout le monde à en faire l’expérience. Mais en fin de compte, vous devez revenir sur terre et décider où vous voulez aller. Et vous devez déterminer comment maintenir l'équilibre entre l'épargne et les dépenses.

ROMA : Nous remarquons une sorte de désespoir chez les milléniaux. Ils ne trouveront jamais l’emploi idéal, avec régime de retraite et avantages sociaux. Ils ne pourront jamais avoir certaines des choses qui ont été données plus facilement aux générations précédentes. Ils ont donc l’impression de ne jamais pouvoir prendre de l’avance. Pourquoi devrais-je me donner la peine d’essayer? C’est un sentiment dangereux, car ils ont, malgré tout, la possibilité d’apporter de petits changements. C’est ce que nous examinerons après.

ROB :Je me réjouis vraiment de l’entretien qui va suivre. Nous rencontrons une experte qui jouit de la vie au centre-ville et qui connaît l’importance de la gestion de ses finances. Nous y venons tout de suite après.

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ROB : Aujourd’hui, je m’entretiens avec Bridget Casey, qui a lancé un blogue sur les finances personnelles, intitulé Money After Graduation, à Calgary.

Nos milléniaux de Toronto, Monica, Alex et Jake, nous ont confié que, pour eux, ce sont les expériences qui sont importantes. Selon vous, est-ce typique de cette génération? Et si oui, comment cela se traduit-il dans leurs dépenses?

BRIDGET : Je pense que c’est tout à fait caractéristique. En fait, je trouve que leurs dépenses ressemblent beaucoup aux miennes, et à celles de mes amis. Je pense que la plupart des milléniaux dépensent leur argent surtout en restaurants, en repas entre amis et, s’ils peuvent se le permettre, en voyages, en concerts et en divertissements. Ce sont donc des dépenses très normales pour des milléniaux.

ROB : À quoi ressemble une semaine typique pour vous, en matière de dépenses et de frais liés au mode de vie?

BRIDGET : Avant ou après la COVID-19?

ROB : Faisons les deux. Commençons par avant. Comment était la vie avant février 2020?

BRIDGET : Avant février 2020, je dépensais surtout dans des restaurants et des cafés. Je dépensais probablement sept ou huit dollars par jour seulement au café situé près de chez moi. Je rencontrais souvent des amis pour le lunch, sans doute deux fois par semaine. En plus, je commandais des repas pour emporter ou je mangeais au restaurant un ou deux soirs par semaine. De temps en temps, je rencontrais quelqu’un pour quelques cocktails. Nous allions voir des spectacles, nous achetions des billets vraiment pas chers à 25 dollars. Il m’arrivait aussi de dépenser jusqu'à 200 ou 300 dollars pour voir un artiste de passage en ville. Mes dimanches préférés étaient ceux où nous prenions un café et nous baladions quelques heures chez Homesense ou Chapters Indigo, et où j’achetais ce qui attirait mon attention.

ROB : Est-ce typique de vous-même et des membres de votre génération?

BRIDGET : Je crois qu’il y avait toujours au moins deux ou trois personnes avec moi pour chacune de ces activités, et qui agissaient exactement comme moi.

ROB : Et les voyages?

BRIDGET : J’avais réservé plusieurs voyages avant que la COVID-19. Je vis en Alberta. Donc parfois, j’aime bien aller au concert ou voir des artistes connus dans une plus grande. Cela m’amène à faire de petits et de grands voyages.

ROB : Cela fait longtemps que vous êtes active dans le domaine des finances personnelles, dans vos blogues et dans les médias sociaux. Parlez-nous de vos dépenses avant la pandémie, au restaurant et dans les cafés pour commencer, puis parlez-nous des voyages.

BRIDGET : Les restaurants et les cafés me coûtaient sans doute environ 100 dollars par semaine, peut-être un peu plus selon les endroits où nous allions. Les voyages coûtaient entre 1 000 et 3 000 dollars environ. Je ne pense pas avoir jamais dépensé plus de 3 000 dollars pour un voyage. C’est le maximum.

ROB : Comment la pandémie a-t-elle affecté le coût de la vie en ville pour des gens comme Monica, Alex et Jake?

BRIDGET : Je suis sûre que cela a bien fait baisser leurs dépenses de repas au restaurant, de cocktails, de boissons et des autres activités de ce genre. Tout cela s’est arrêté, et les gens sont soudain devenus prisonniers du tout petit espace qu’ils louaient, avec la consigne de ne pas sortir. J'étais vraiment heureuse d’avoir un appartement assez grand, et d’avoir investi pour le rendre agréable car, tout à coup, je devais y passer tout mon temps. Ça n’a pas été facile pour les milléniaux qui vivent en ville et qui ont perdu cette vie nocturne, ou même l’activité quotidienne de la ville. La pandémie a vraiment mis en lumière les sacrifices non négligeables à faire pour vivre en ville.

ROB : J’essaie de comprendre l’aspect psychologique des habitudes de dépenses des jeunes. Il me semble que les médias sociaux et la peur de manquer quelque chose doivent jouer un rôle à cet égard. Si vos amis sortent et font des activités cool, pourquoi pas vous? Pourquoi ne pas vous joindre à eux, tout simplement? Parlez-moi de cela.

BRIDGET : Nous sommes constamment sollicités. Mes amis et moi plaisantons tout le temps à propos de la fréquence à laquelle nous sommes piégés par Instagram, parce que pendant que nous regardons quelque chose l'écran, une publicité s’affiche pour une entreprise, locale ou autre, et si nous cliquons dessus, elle nous suivra sur le Web pendant deux semaines. Je ne sais donc pas si un aussi grand nombre de nos amis le font, mais ces algorithmes de marketing sont très efficaces. J’ai remarqué autre chose, chez les milléniaux, qui est valable pour moi aussi, surtout quand j'étais dans la vingtaine : il y a un certain sentiment de désespoir par rapport aux objectifs financiers à long terme. En fait, quand vous regardez le prix des maisons au Canada, ou ce qu’il en coûtera pour prendre votre retraite, vous avez l’impression que vous n’y arriverez jamais. Alors vous vous payez la traite, vous vous offrez un Martini à 14 dollars parce que, oui, c’est cher, mais au moins c’est quelque chose que vous pouvez vous payer.

ROB : Que pensez-vous de l’idée de se garder quelques années pour profiter de la vie, avant de passer aux choses sérieuses en ce qui concerne l’argent?

BRIDGET : Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Cela peut sembler tentant, mais il est vraiment difficile de changer de comportement. Les gens ont toujours l’impression qu’ils pourront changer, comme s’ils appuyaient sur un bouton : « Dès que j’aurai remboursé ma dette, je commencerai à épargner. » Ou : « Oui, je vais vivre avec un budget très serré à court terme, et ensuite je pourrai m’arrêter. » Or, il est beaucoup plus facile d’apporter de légers correctifs à son comportement au fur et à mesure, correctifs qui auront des répercussions importantes, que d’essayer de tout faire d’un coup, parce que vous ne pourrez pas tout faire en même temps. Personne ne peut y arriver. C’est exactement pour cela que tout le monde va retourner en courant au restaurant, dès que la pandémie de COVID-19 sera terminée. En fait, nous réagissons aux facteurs de stress dans notre environnement. Vous devez donc créer des habitudes qui vous protégeront contre des éléments qui pourraient vous faire dévier de votre chemin.

ROB : Je suis sûr que ce n’est pas nouveau pour vous, mais la génération des baby-boomers, et les Canadiens plus âgés, ne comprennent pas du tout ce qui préoccupe les jeunes actuellement. Et le baby-boomer grincheux demande toujours : « Pourquoi n’allez-vous pas moins au restaurant? Pourquoi ne buvez-vous pas chez vous? Pourquoi ne faites-vous pas votre propre café? » Qu’en pensez-vous?

BRIDGET : Parce qu’alors, nous ne ferions plus rien!

À l’heure actuelle, les jeunes sont accablés par leurs dettes d'études et les salaires stagnent. Alors ils travaillent très dur pour essayer de prendre pied dans la vie active et dans leur carrière, puis d’y progresser. Mais c’est vraiment très difficile. Et en plus, vous leur dites qu’en plus de ne pas vraiment pouvoir vous permettre de vivre dans une ville et de devoir travailler comme un forçat, vous ne devez jamais aller au restaurant ni sortir prendre un café. Quelle triste existence! Je crois que nous devons tout simplement pardonner aux jeunes, et leur laisser un peu de luxe dans leur budget afin qu’ils puissent prendre l'élan dont ils ont besoin ailleurs dans leurs finances. Alors la réponse n’est pas que les milléniaux dépensent trop pour des tartines à l’avocat et des cafés. Le problème, c’est que nous ne leur versons pas les 30 000 dollars de plus auxquels ils auraient droit, si les salaires avaient suivi l’inflation.

ROB : J’aimerais avoir votre point de vue sur l’endettement. Est-il inévitable pour les jeunes à faible revenu qui essaient de vivre en ville et de profiter de tout ce que le centre-ville a à offrir? Est-il possible de vivre ainsi sans accumuler de dettes, d’une manière ou d’une autre ?

BRIDGET : Oui, il est tout à fait possible de ne pas accumuler de dettes. Si vous n'êtes pas étudiant. Les prêts d'études sont pratiquement inévitables, sauf si vos parents paient vos frais de scolarité. J’ai l’impression que si vous vous y attaquez de façon agressive, comme je le dis aux gens habituellement, vous devriez pouvoir les rembourser en deux fois moins de temps que ce que le gouvernement vous accorde. Pour la plupart des prêts d'études fédéraux et provinciaux, le délai de remboursement est de dix ans. Vous pouvez rembourser ces prêts en deux fois moins de temps, tout en profitant de la vie en parallèle. C’est parfait. Continuez. Il n’y a aucune raison de vous endetter sur votre carte de crédit ou de prendre une marge de crédit pour pouvoir aller boire un cocktail avec vos amis tous les vendredis. Il ne faut pas. J’ajouterai que les choses sont vraiment très différentes maintenant que j’ai la trentaine qu'à l'époque où j'étais dans la vingtaine. J’avais l’impression d'être très en retard. J’ai eu beaucoup de mal à prendre de l'élan et à maîtriser ma quand j'étais dans la vingtaine. Mais avec temps, en général, votre revenu augmente et vos dettes diminuent. Et puis, vous avez une plus grande marge de manœuvre dans votre budget, au moins jusqu'à l’arrivée des enfants. Il est important que les gens sachent que, en dépit du sentiment d'être obligé d’entrer sur le marché immobilier immédiatement, par exemple, personne ne saura jamais que vous avez acheté votre maison deux ans plus tard que prévu. Je pense donc que les gens doivent cesser de s’imposer cette pression, à l'égard des différentes étapes, et attendre d'être mieux placés pour réussir.

ROB : Oui, je suis content que vous ayez abordé ce point. Parce que je suis toujours frappé par le fait que l’augmentation de l’espérance de vie ne permet pas seulement de vivre jusqu'à 92 ans plutôt que 90, mais aussi de prendre plus de temps pour tout faire. Alors, prenez quelques années de plus pour trouver votre place sur le marché du travail, pour mettre de l’argent de côté pour avoir une mise de fonds et pour acheter une maison plus tard, parce que de toute manière, vous allez travailler plus longtemps. Vous venez de dire que le facteur déterminant de l’endettement des étudiants est la générosité de leurs parents. Donnez-moi une idée de ce que vous voyez, en ce qui a trait à l’aide que les parents apportent à leurs enfants adultes, par exemple pour leurs factures de téléphone portable ou pour leur loyer. Cette aide existe-t-elle?

BRIDGET : Oui, dans les familles aisées. Cela dépend de la catégorie socioéconomique de la famille et de ce qu’elle peut se permettre de donner. En général, plus les parents sont aisés, plus ils aident financièrement les enfants. Mais les familles de la classe moyenne et à faible revenu ont vraiment du mal à payer quoi que ce soit pour leurs enfants et, souvent, si les parents aident leurs enfants, c’est à leur détriment. Ainsi, si certains parents donnent à leurs enfants 400 ou 500 dollars par mois pour les aider à payer leur loyer, cela peut compromettre leur propre retraite. Je pense que c’est une situation très dangereuse. Cela fait dix ans que j'écris sur les finances personnelles et mon point de vue a évolué. Avant, j’affirmais qu’il fallait couper le cordon et ne pas aider ses enfants, qu’il fallait les laisser nager ou couler. Maintenant, je reconnais que les coûts sont tellement élevés que, si vous avez les moyens d’aider vos enfants, faites-le parce qu’ils en ont besoin, surtout pour survivre dans une grande ville. Mais ne le faites pas si cela risque de compromettre votre propre sécurité financière.

ROB : Mon avis, en tant que parent de jeunes adultes de 23 et 26 ans, et j’ai beaucoup d’amis et de proches qui ont des enfants du même âge, c’est que c’est assez courant, même si on n’en parle pas beaucoup. Les gens ont le sentiment que leurs enfants ont besoin d’aide. L'économie n’est pas très accueillante pour eux, et ils ont du mal à trouver leur place. Alors, si j’ai les moyens de les aider, je le ferai.

BRIDGET : Exactement.

ROB : Et la retraite? Quand j’ai commencé à travailler, dans la vingtaine, je n'économisais pas pour la retraite. Je n’y pensais pas. Je n'étais pas intéressé. Mon père m’a un peu secoué. Alors j’ai fini par m’y mettre. Qu’en est-il des jeunes d’aujourd’hui? Songent-ils à la nécessité d'épargner pour la retraite? Il y en a tellement qui ont un emploi précaire. Ils n’ont pas de régime de retraite, alors c’est vraiment important qu’ils le fassent. Est-ce sur leur écran radar?

BRIDGET : Ils savent qu’ils devraient le faire. Mais ils ne savent presque jamais comment s’y prendre. Je ne pense pas qu’ils saisissent à quel point il est facile de commencer à mettre de l’argent de côté pour la retraite. Parce que quand je dis aux gens qu’il leur suffit d’ouvrir un compte avec un robot-conseiller et d’y mettre 50 dollars par mois, ils sont interloqués. « Quoi? C’est tout? Bien sûr que je peux le faire. » Je pense que beaucoup de jeunes, dans leur tête, se disent qu’ils sont incapables d'économiser 900 dollars par mois pour leur retraite. Ils préfèrent y repenser dans trois mois. Et ils continuent à remettre à plus tard, au lieu de prendre la bonne habitude de le faire avec un tout petit montant. Donc si nous pouvons trouver des moyens de leur faire comprendre cela, qu’il leur suffit de commencer avec ce qu’ils peuvent se permettre d'économiser et d’y aller, c’est essentiel, car ils ne se rendent pas compte à quel point c’est facile.

ROB : C’est un échec des jeunes, ou c’est un échec du secteur du placement, qui ne communique pas avec ces jeunes pour leur dire : « Nous avons une solution qui fonctionne pour vous, à votre niveau. »

BRIDGET : En fait, j’ignore où se trouvent tous les problèmes systémiques. Ils sont partout. Il y a des parents qui ont eu la chance de réaliser d'énormes gains financiers dans l’immobilier et qui avaient des régimes de retraite, et donc ils n’ont pas eu besoin d'épargner pour leur retraite. Ils n’ont pas forcément conscience de la qualité des nouveaux outils que les entreprises de technologie financière ont mis sur le marché. Je pense que beaucoup de sociétés font un excellent travail de marketing, mais les sociétés de placement traditionnelles, qui sont principalement liées aux grandes banques, ne font évidemment pas la promotion de ces petits robots-conseillers avisés. Elles ne disent pas aux jeunes : « Il y a plus de solutions que jamais pour vous. Regardez comme c’est facile. » Non. Elles disent plutôt : « Achetez les fonds d’investissement de nos banques. » Je crois que la façon dont nous utilisons les banques et les services bancaires a changé, et que cela a changé l’information qui est disponible. Ainsi, les milléniaux ne reçoivent pas forcément de telles suggestions de la part d’un conseiller en placement, comme leurs parents il y a une trentaine d’années, parce qu’ils ne voient pas de conseiller en placement. Il faut que des publicités sur YouTube et sur Instagram les aident à mettre de l’argent de côté pour leur retraite. C’est le secret.

ROB : À quel âge devrait-on être sur la bonne voie pour ses finances? Avec un fonds d’urgence, de l'épargne pour la retraite, une mise de fonds pour une maison, ou en voie d’en avoir une. Quel est cet âge charnière?

BRIDGET : 35 ans?

Je sais que beaucoup de gens pensent que c’est 25 ans, ou que tout devrait être avoir été mis en place à 30 ans. Je ne pense pas que ce soit raisonnable compte tenu du coût de la vie actuel. Je pense que si vous avez le contrôle sur la plupart de ces éléments à 35 ans, vous vous en sortez plutôt très bien par rapport à vos pairs.

ROB : Comment pensez-vous que cela se compare aux générations précédentes?

BRIDGET : Ah, les générations précédentes. Tout était en place à 22 ans. Ils avaient tout ce dont ils avaient besoin. Ils avaient une maison, ils avaient un emploi. Ils avaient une retraite, tout cela à 22 ou 23 ans. Les retardataires étaient prêts à 25 ans.

ROB : Expliquez à un baby-boomer sceptique en quoi cela est différent pour votre génération.

BRIDGET : Je pense que ce les baby-boomers ne réalisent pas à quel point les coûts ont augmenté. Un baby-boomer pourrait dire, par exemple : « J’ai commencé avec un salaire de 32 000 dollars par an en 1982. » Mais aujourd’hui, quelqu’un peut encore commencer avec un salaire de 32 000 dollars par an, mais son loyer sera de 3 000 dollars par mois et il aura 50 000 dollars de prêts d'études à rembourser, et il ne pourra y arriver que s’il a quatre colocataires et mange des pâtes à chaque repas. Les baby-boomers insistent toujours sur le fait que les taux d’intérêt étaient supérieurs à 10 % quand ils ont acheté leur maison. C’est vrai. Mais leur maison coûtait 40 000 $. Et ils bénéficiaient aussi de taux élevés sur leurs comptes d'épargne et leurs CPG. Aujourd’hui, pour les milléniaux, la seule façon de parvenir à une certaine sécurité financière, c’est en bourse. Les marchés boursiers sont plus accessibles que jamais, mais beaucoup de gens sont intimidés, à juste titre. Ainsi, pour obtenir un rendement de 5, 6, 7, 8 ou 10 %, il faut prendre des risques. Je ne peux même pas imaginer à quel point il doit être extraordinaire d’obtenir un tel rendement sur un CPG, par exemple un CPG sans risque à 10 %. Aujourd’hui, il faut prendre des risques financiers énormes pour obtenir le rendement sûr qui était offert sans condition aux baby-boomers. Aujourd’hui, si vous commencez à maîtriser la situation à la fin de la vingtaine et que les choses vont bien, vous avez un bébé et la garderie coûtera 2 000 dollars par mois. C’est incroyable, le nombre d’obstacles que les jeunes doivent surmonter pour obtenir la base à laquelle leurs parents avaient droit de façon automatique. Il est réellement frustrant de dire cela aux personnes plus âgées, car elles vous répondent que vous êtes paresseux et égoïstes. Or, j’estime que le fait de ne pas vouloir que mes études postsecondaires coûtent 10 000 dollars par an ou de vouloir payer moins de 25 000 dollars par an pour la garderie ne me rend pas paresseux ni égoïste. Tout cela me met vraiment hors de moi. Et puis ils mettent beaucoup de pression sur les jeunes en leur disant qu’ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas atteint les étapes de la vie adulte qui sont si importantes, comme l’accession à la propriété, le mariage, les enfants, alors que tout cela coûte beaucoup trop cher pour nous. Nous faisons la course avec des poids attachés aux chevilles. Alors s’il vous plaît, lâchez-nous un peu!

ROB : Vous avez parlé tout à l’heure d’un sentiment de désespoir. Pourquoi me gâcher la vie à faire attention à l’argent puisque je suis déjà submergé, de toute manière. Quoi qu’il en soit, offrez-nous quelques mots d’espoir pour faire comprendre aux milléniaux que cela vaut la peine d’essayer, que tout ira mieux.

BRIDGET : Tout d’abord, je veux juste confirmer que c’est vraiment ce que nous ressentons. Et c’est tout à fait normal. Mais en fait, les choses ne sont pas aussi sombres. Tenez-vous en à ce que vous êtes censé faire, les gestes les plus simples, comme s’engager à constituer un fonds d’urgence. Je dis toujours aux gens qu’ils doivent commencer par le fonds d’urgence. Il suffit de transférer 25 $ par semaine dans un compte d'épargne. C’est tout ce dont vous avez besoin. Cela vous permettra de mettre de côté plus de 1 000 dollars en un an. Après deux ans, vous aurez économisé des milliers de dollars, vous aurez progressé dans votre carrière, vous aurez trouvé d’autres moyens d’optimiser vos dépenses. Les choses s’amélioreront donc, mais vous devez vous engager dans cette voie.

ROB : D’accord. Merci, Bridget.

BRIDGET : Cela a été un plaisir de vous parler. Comme toujours.

ROB : D’habitude, je propose trois points à retenir à la fin de chaque épisode, mais dans ce cas, je pense qu’il y en a un qui résume bien la situation. Si vous voulez vivre au centre-ville, vous devez trouver une façon de mettre de l’argent de côté. Ce sera difficile, mais c’est indispensable. Vous devez épargner pour votre retraite, pour vos futurs voyages, pour vos vacances et pour les urgences. La pandémie a vraiment mis cela en évidence. Qu’en pensez-vous, Roma?

ROMA : Je trouve que Bridget a été une invitée formidable. Il est important que chacun comprenne qu’il est responsable de mener sa propre vie. Nous ne jugeons personne ici. Il vous suffit de prendre les bonnes décisions qui vous permettront de vivre votre vie et d'éviter le stress financier. En fin de compte, c’est à vous de décider.

Merci d’avoir écouté cet épisode de Test de résistance. Cette émission a été produite par Hannah Sung. Montage et mixage par TK Matunda. Notre productrice exécutive est Kiran Rana. Merci à Monica, Alex et Jake, à Toronto, et à Bridget Casey de Money After Graduation, à Calgary.

ROB : Si vous avez aimé cette baladodiffusion, dites-le au monde entier. Laissez-nous une évaluation et un commentaire sur Apple Podcasts. Et si vous connaissez quelqu’un qui veut profiter de la vie au centre-ville et mettre de l’ordre dans ses affaires, envoyez-lui cette émission. Dites-lui de s’abonner à Stress Test (en anglais) sur Apple Podcasts, Google Play, Spotify ou son application de baladodiffusion préférée.

ROMA : Et si vous avez une question à nous poser sur le sujet de ce que coûtent les enfants, ce sera le sujet de notre prochain épisode. Ouvrez l’application d’enregistrement vocal de votre téléphone, enregistrez votre question et envoyez le fichier par courriel à moi-même, Roma Luciw, à l’adresse rluciw@globeandmail.com.

ROB : Vous nous trouverez à l’adresse globeandmail.com et nous abordons toutes les facettes des finances personnelles. Merci à tous de nous avoir accordé votre attention.

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