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You had your best-laid plans and then COVID-19 came along and hammered the entire economy. But you’ve got this – if you have the right information. Join Rob Carrick and Roma Luciw on Stress Test, a podcast guiding you through one of the biggest challenges your finances will ever face.

ROMA : Les moins de 40 ans sont préoccupés par les changements climatiques et les questions sociales. Et comme tout le monde, ils se soucient aussi de leurs finances.

ROB : Il n’est donc pas étonnant qu’ils puissent être séduits par l’idée qu’il est possible de gagner de l’argent tout en faisant du bien pour notre monde. L’investissement respectueux de l’environnement est un moyen de plus en plus populaire d’essayer de le faire.

ROMA : Bienvenue à Test de résistance, une balado sur les finances personnelles destinée aux membres de la génération du millénaire et de la génération Z.

ROB : Je suis Rob Carrick, chroniqueur en finances personnelles au Globe and Mail.

ROMA : Et je m’appelle Roma Luciw, je suis rédactrice en chef de la rubrique des finances personnelles du Globe and Mail.

ROMA : Aujourd’hui, nous nous penchons sur la façon de concilier valeurs et objectifs financiers. L’investissement vert, éthique ou socialement responsable n’est pas un concept nouveau. Il est actuellement connu sous le nom d’investissement ESG. Rob, qu’est-ce que cela signifie?

ROB : L’acronyme ESG signifie environnement, société et gouvernance. Ce sont les critères qui sont utilisés pour examiner toutes les entreprises et trouver les meilleurs dans chaque catégorie. La meilleure politique environnementale, la meilleure politique sociale et la meilleure politique de gouvernance, ce qui signifie essentiellement la façon dont les entreprises se gèrent sur le plan éthique. C’est en quelque sorte la façon la plus récente de qualifier un type d’investissement qui existe depuis des décennies. Je me souviens qu’il s’est déjà appelé investissement éthique, puis investissement socialement responsable. L’acronyme ESG est donc l’appellation la plus récente, et c’est probablement la plus précise. Roma, je suis curieux, avez-vous l’impression que l’investissement ESG est en train de gagner en popularité?

ROMA : Cela ne fait aucun doute. Comme vous l’avez dit, l’investissement ESG existe depuis longtemps. Il n’avait jusqu’à présent pas vraiment gagné en popularité, mais c’est en train de changer à pas de géant. Des sommes considérables sont investies dans les fonds ESG. Au Canada, les actifs ont doublé en 2021. Cela s’explique en partie par le fait que cela a été une année record pour les investissements, en raison de la pandémie. Mais l’investissement ESG se développe rapidement. Rob, nous devons aborder aujourd’hui l’une des questions suivantes : s’agit-il d’un bon moyen pour les jeunes adultes d’aujourd’hui de placer leur argent de manière à atteindre tous leurs objectifs financiers? Pour pouvoir épargner pour acheter une maison, pour faire des voyages, pour avoir des enfants, pour prendre leur retraite. Peuvent-ils y parvenir grâce à l’investissement ESG?

ROB : Absolument. Cela ne fait aucun doute. Et je vais vous en donner la preuve : de nombreux fonds de retraite accordent beaucoup d’attention aux facteurs ESG dans la construction de leurs portefeuilles. S’ils peuvent le faire, vous le pouvez aussi.

ROMA : Après la pause, nous écouterons une jeune femme de la génération du millénaire qui se lance dans l’investissement ESG, à la fois pour des raisons environnementales et parce qu’elle veut gagner de l’argent.

SONJA : Je m’appelle Sonja, je viens d’avoir 30 ans et je vis à Ottawa, en Ontario.

SONJA : J’ai une formation en génie chimique et je travaille dans le secteur de l’énergie propre depuis environ six ans.

ROMA : Comme beaucoup de jeunes, Sonja est préoccupée par les changements climatiques. Elle a réalisé son premier investissement ESG il y a environ six mois en achetant un FNB, un fonds négocié en bourse. Pour pouvoir faire partie de ce fonds, les entreprises doivent respecter certaines normes ESG.

SONJA : C’est en fait très similaire à un placement ordinaire, à un FNB ordinaire, à la seule différence que certains critères sont appliqués. Ainsi, l’un de ces critères est que le FNB n’investit pas dans des entreprises dont plus de 5 % des revenus proviennent de la production d’électricité avec du charbon, ou de la production de charbon. Ce FNB n’investit pas non plus dans les entreprises dont plus de 5 % des revenus proviennent de la production de sables bitumineux. Donc oui, à bien des égards, ce type de FNB est vraiment similaire à un investissement ordinaire. Et je dirais que les critères, dans ce cas, sont très modérés, et qu’il n’y a pas vraiment de différence avec un placement ordinaire.

ROMA : Chacun a une définition différente de ce qui entre dans la catégorie des investissements ESG. Cela a amené Sonja à faire beaucoup de recherches avant de choisir où placer son argent.

SONJA : C’est fondamentalement l’un des problèmes, je pense, du secteur ESG. En matière d’investissement, chacun a sa propre éthique. Il est donc très difficile pour une entreprise de proposer un fonds ESG qui convienne à tout le monde. En effet, si certaines personnes sont très attachées à l’environnement, d’autres accordent plus d’importance aux questions sociales. Il n’y a pas de solution universelle pour l’instant. Dans mon cas, il n’y a pas une industrie dont je voudrais me priver complètement. J’ai encore des placements dans des entreprises de combustibles fossiles, puisque le FNB dont je viens de parler n’impose que des critères très modérés. Et je ne pense pas qu’aucune industrie puisse être totalement noire ou totalement blanche. Prenez par exemple l’industrie du divertissement pour adultes. Certains fonds éliminent complètement ce secteur. Bien sûr, cette industrie est parfois synonyme d’exploitation de la personne, mais cela ne signifie pas pour moi qu’elle soit intrinsèquement mauvaise. En effet, toutes les entreprises du secteur ne pratiquent pas l’exploitation. Il est possible que certaines entreprises de divertissement pour adultes donnent du pouvoir aux femmes, et je ne voudrais alors pas nécessairement les supprimer de mon portefeuille.

ROMA : Le fonds choisi par Sonja ne correspondait pas exactement à ses valeurs, mais il en était proche. De plus, les frais de gestion sont faibles.

SONJA : J’ai toujours confiance en son rendement, et je suis sûre qu’il ne sera pas si différent du rendement de la version ordinaire de ce FNB. Pour ma part, je veux naturellement que mes placements soient performants, et j’ai confiance en la réputation de cette entreprise. Et je ne pense pas que ses critères soient absolument parfaits.

Je ne pense pas qu’aucun fonds soit parfait, mais c’était le meilleur choix pour moi à ce moment-là.

ROMA : Elle a acheté le fonds ESG auprès d’un courtier en ligne. Pour l’instant, environ 5 % seulement de ses placements sont investis dans ce fonds ESG. Elle pourrait augmenter cette proportion si le rendement la satisfait. Mais elle insiste sur le fait qu’elle n’a pas acheté des fonds ESG uniquement pour des raisons environnementales.

SONJA : Bien sûr, l’environnement est important pour moi, et je fais ce choix en partie parce que je veux être une bonne personne et réduire mon empreinte carbone. Mais je pense que l’autre élément vraiment important à prendre en considération est que l’investissement dans des fonds ESG peut aussi être un moyen d’intégrer le risque climatique à son portefeuille. Et le fait de choisir d’exclure certaines entreprises ne doit pas seulement être quelque chose que l’on fait pour être une bonne personne. Cela peut aussi être un moyen de se protéger et de s’assurer que l’on n’investit pas dans des entreprises qui ne se sont pas diversifiées ou qui n’ont pas réfléchi à la transition énergétique. Je ne pense pas que, financièrement, ce soit un bon choix d’investir dans une entreprise qui tire tous ses revenus du charbon ou des sables bitumineux.

ROMA : Faire de bons choix financiers est très important pour Sonja, qui étudie les finances personnelles et investit depuis la fin de ses études universitaires. Elle reconnaît que bien des gens sont encore sceptiques envers les placements ESG.

SONJA : Je pense que je suis moi-même encore sceptique! Historiquement, ils n’ont pas été un bon choix : leurs frais sont plus élevés et ils n’ont pas été aussi performants. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles je me suis lancée dans les placements ESG est que certains des nouveaux fonds qui sont lancés sont en fait assez bons. Pourtant, il reste des gens qui doutent. Ils ne pensent pas que leur rendement puisse être satisfaisant. Ils pensent, et on ne peut pas leur donner tort jusqu’à présent, que notre pétrole et notre gaz vont probablement augmenter dans les années à venir. À long terme, les prix baisseront, selon moi. Mais pour les quelques prochaines années, les prix élevés vont faire partie de notre vie. Donc, certains s’inquiètent du fait que, sans compagnies pétrolières, le rendement sera insuffisant. Je pense qu’une partie de ce scepticisme est bien fondée. L’autre inquiétude concerne l’écoblanchiment, et c’est aussi une inquiétude valable selon moi, car j’ai constaté, lors de mes propres recherches, que certains fonds n’étaient pas nécessairement meilleurs d’un point de vue environnemental. Cela explique aussi le scepticisme.

ROMA : Après toutes ses recherches sur les investissements ESG, Sonja voulait trouver un moyen de partager ces informations avec ses amis qui ne savaient pas par où commencer.

SONJA : Je pense que c’était en octobre ou novembre l’an dernier, j’ai ouvert un compte Instagram pour y partager ce que j’apprenais sur l’investissement ESG. J’ai fait cela parce que j’ai constaté qu’il y avait une sorte de vide quant à ce qui était disponible pour l’éducation sur l’investissement ESG. Je suis beaucoup d’autres influenceurs et blogueurs en finances personnelles, mais très peu parlent vraiment de finances personnelles à travers la lentille des changements climatiques. J’ai créé mon compte Instagram pour diffuser ce que j’apprenais, au fur et à mesure, en quelque sorte en autodidacte, au sujet de tous ces sujets plutôt confus.

ROMA : Le monde des facteurs ESG est effectivement confus. Pour Sonja, il y a une certaine incohérence entre son travail dans l’industrie du gaz naturel et son côté écologiste.

SONJA : C’est vrai, je la vis, cette tension, cette incohérence entre mon travail et ce que je fais pour mes placements. Je m’intéresse beaucoup aux finances personnelles, à la sécurité financière et à l’accumulation d’un patrimoine, mais je suis aussi soucieuse de l’environnement. Ces facettes peuvent parfois sembler contradictoires. Je peux vous dire une chose, c’est que je donne la priorité, quand il s’agit de mes placements, à ma propre sécurité financière, et je n’investirais jamais dans quelque chose que je ne pense pas être un bon placement. Il y a des moyens d’être un consommateur plus conscient, d’économiser et de réduire son empreinte carbone. Il n’y a aucune façon d’investir qui soit parfaite. Aucune entreprise non plus. Aucune entreprise n’est irréprochable, parfaite. Vous pouvez toujours travailler à minimiser les dommages que vous faites. Mais ça peut être vraiment paralysant aussi, de creuser et creuser pour se rendre compte que la plupart des entreprises ne sont pas complètement noires ou complètement blanches. Il y a toutes sortes de nuances de gris. Et c’est très difficile d’avoir un portefeuille de placement qui exclut complètement toutes les entreprises qui se conduisent mal. Oui, comme toutes les entreprises, les grandes entreprises dans lesquelles vous investissez, si vous investissez sur le marché boursier américain, comme Amazon ou Facebook, beaucoup de gens considèrent ces entreprises comme éthiquement douteuses. Mais de là à les exclure purement et simplement... Je pense que cela revient à se désengager complètement du capitalisme et à nuire à sa propre sécurité financière. Donc, je n’ai pas de réponse parfaite à cette question. C’est une chose avec laquelle je vis difficilement, comme bien d’autres gens.

ROMA : Évidemment, Sonja ne croit que son modeste placement ESG individuel va sauver la planète instantanément. Mais elle veut que son argent envoie un message.

SONJA : Je ne pense pas que cela fasse une énorme différence en termes d’empreinte carbone personnelle. Pour moi, l’idée est d’envoyer un message, c’est une façon de voter avec son argent. Je pense que si on constate que beaucoup d’argent afflue vers les fonds ESG, les entreprises en prendront note, par exemple, si tout le monde agissait comme moi et plaçait 5 % de son portefeuille dans des fonds ESG, il n’y aurait peut-être pas de différence tangible et immédiate sur le plan de l’empreinte carbone. Mais les gens comprendraient qu’il se passe quelque chose. Les gens le remarqueraient, les entreprises le remarqueraient. Si les investisseurs vous excluaient de leurs décisions parce que vous n’êtes pas du tout diversifié ou que vous n’avez pas de plan de décarbonisation, cela vous enverrait un message fort, et cela ferait la différence.

ROMA : Et Sonja avait un dernier message pour tous les jeunes auditeurs qui sont préoccupés par les changements climatiques.

SONJA : Il ne faut pas se dire que nous sommes la cause des changements climatiques. Pour les membres de la génération du millénaire et de la génération Z, au moment où ils sont nés, au moment où ils sont entrés dans la vie active, les choses étaient déjà allées très loin et la terre était déjà bien abîmée. Donc, vous n’avez pas à prendre tout le poids de la lutte contre les changements climatiques sur vos épaules. Si vous êtes prêt à faire des changements, c’est évidemment très bien, mais vous n’avez pas à vous culpabiliser, ni à faire un choix par culpabilité ou à sentir que tout le fardeau de la réparation du monde repose sur vous.

ROMA : Après la pause, nous parlerons des changements que vous pouvez apporter et des raisons pour lesquelles de plus en plus de gens se lancent dans l’investissement ESG.

ROB : Pour en savoir plus sur l’investissement dans le domaine environnemental, social et de gouvernance, je me suis entretenu avec mon collègue Jeff Jones. C’est un journaliste économique chevronné qui couvre ce secteur pour le Globe and Mail.

De nombreuses analyses tentent d’évaluer ces facteurs ESG. Mais à qui revient-il de faire cette évaluation, et de décider quelles entreprises peuvent être incluses dans un fonds ESG?

JEFF : Si vous considérez les fonds eux-mêmes, il existe deux types de fonds, qui englobent divers enjeux ESG. Il y a les FNB, dont vous avez beaucoup parlé, Rob, et il y a les fonds communs de placement. Si vous investissez dans un fonds commun de placement, le gestionnaire du fonds aura probablement toutes sortes de compétences internes pour faire cette évaluation, en fonction de leurs critères. Il peut par exemple s’agir d’un fonds axé sur les solutions climatiques ou sur la conservation de l’eau. Les gestionnaires ont donc leurs propres contacts, ils parlent aux dirigeants de l’entreprise et examinent de près tous les enjeux pertinents. Et il y a les FNB, les fonds négociés en bourse donc. Il existe des agences de notation tierces qui fournissent des notes globales sur la performance ESG des entreprises. Il peut y avoir des centaines de questions diverses auxquelles les entreprises doivent répondre sur la politique climatique, sur l’analyse de la manière dont leurs activités vont évoluer vers un monde carboneutre, sur le nombre de femmes au sein du conseil d’administration, et sur beaucoup d’autres questions de ce genre. Elles manipulent et traitent ces renseignements et produisent une note finale. Et sur cette base, elles établissent des indices qui sont suivis par divers FNB.

ROB : Pendant toutes les années où j’ai suivi l’investissement ESG, ou investissement socialement responsable, sous toutes ses formes et toutes ses appellations, ceux qui travaillaient dans ce secteur m’ont toujours dit : « Je pense que nous sommes à l’aube de quelque chose de grand. Je pense que les investisseurs sont vraiment en train de changer de façon de voir les choses. » Or, ce n’était pas le cas. Nous avons vécu des décennies pendant lesquelles ces fonds avaient des actifs modestes qui croissaient très, très lentement. Ce n’était certainement pas suffisant pour dire qu’une tendance se dégageait, mais je pense que nous avons atteint un autre stade aujourd’hui. Les facteurs ESG sont-ils vraiment en train de gagner du terrain, et l’argent afflue-t-il vers ces produits?

JEFF : Eh bien oui, l’argent afflue. Parlons donc de cet engouement. Je suis retourné voir un sondage réalisé par Ipsos pour la Sunlife en novembre dernier. Ses résultats ont montré que deux tiers des Canadiens tiennent compte des facteurs ESG lorsqu’ils investissent. C’est donc une proportion importante, et ce sont les membres de la génération Z et de la génération du millénaire qui prennent ces facteurs le plus au sérieux. Les personnes âgées de moins de 54 ans sont plus susceptibles que les 55 ans et plus de reconnaître l’importance des facteurs ESG. Il est également intéressant de noter que, parmi ceux qui ne considèrent pas ces facteurs comme importants, il y a un réel manque de sensibilisation. Ainsi, 35 % ne savent pas vraiment ce que sont les facteurs ESG. C’est une statistique très révélatrice.

ROB : Vous avez dit que les sondages montrent que les gens ont fortement tendance à tenir compte des facteurs ESG lorsqu’ils investissent. Mais j’ai vu tellement de sondages au fil des ans... Quand on demande aux gens s’ils ont l’intention de faire quelque chose de très positif avec leurs finances... Bien sûr qu’ils vont dire qu’ils ont l’intention de le faire. Mais nous ne savons pas s’ils le feront réellement. Et souvent bien sûr, ils ne le font pas. Et pour les fonds ESG, l’argent afflue-t-il réellement vers ces produits?

JEFF : Oui. Je veux dire, c’est un déluge d’argent! Si vous regardez où nous en sommes à l’échelle mondiale, du point de vue des FNB et des fonds communs de placement, à la fin de 2021, ces fonds et ces actifs avaient accumulé 2,74 billions de dollars américains. Et cette somme représentait une augmentation de 34 % par rapport à l’année précédente. Au Canada, les actifs ont doublé l’année dernière pour atteindre 34,5 milliards de dollars.

ROB : D’après vous, d’où vient l’argent? S’agit-il principalement d’investisseurs particuliers? Je veux dire, l’argent vient-il des investisseurs individuels typiques, ou plutôt d’investisseurs institutionnels comme des fonds de pension qui s’engagent en masse dans ce secteur?

JEFF : C’est tout cela à la fois. Vous savez, vous entendez parfois des Canadiens ou vous lisez en ligne des gens qui ne se soucient pas de ces questions, ou qui n’investissent pas dans des produits liés aux facteurs ESG. Je pense qu’ils se trompent un peu, parce que si vous êtes bénéficiaire d’un régime de retraite, en particulier d’un grand régime de retraite canadien, tous ont d’importants programmes d’investissement ESG. Tous ont été convaincus par les retraités et les personnes touchées par leurs investissements de l’importance de ces enjeux. Le RPC, le Régime de pensions du Canada, cible les enjeux ESG dans ses investissements et a publié de nombreux documents exposant sa philosophie à cet égard.

ROB : Jeff, pouvez-vous nous parler du rendement des fonds ESG?

JEFF : Je me fie à un indice de la Bourse de Toronto, l’indice S&P TSX des énergies renouvelables et des technologies propres, qui englobe compte 21 développeurs de technologies propres. En 2020, cet indice a connu une croissance de 84 %. Revenons en arrière et rappelons-nous ce que nous faisions en 2020. Vous vous souvenez peut-être qu’un petit problème de santé est survenu. Et il a vraiment forcé la société à regarder non seulement où elle en était, à quel point nous étions vulnérables sur le plan des soins de santé, mais aussi dans toutes les autres sphères de l’organisation de la société. Les enjeux des changements climatiques et de l’égalité raciale, notamment, dans le contexte du meurtre de George Floyd, se sont tous retrouvés sous les feux de la rampe. Et nous avons vraiment cru, en tant que société, que les choses étaient sur le point de changer radicalement. En 2021, cet indice a chuté de 21 % et, cette année, il a encore baissé de 8 %, parce que d’autres problèmes sont venus obscurcir la situation, notamment des pénuries d’énergie et l’inflation. Vous pouvez voir que tout cela est très sensible aux pressions et aux courants sociétaux. Si vous regardez l’indice composite TSX sur la même période, il y a eu une lente augmentation pendant ces trois périodes. Une hausse de 2,2 % en 2020, une autre de 19 % en 2021, et jusqu’à présent cette année, une hausse de 3,2 %.

ROB : Jeff, quel est le rendement à long terme des fonds de type ESG, et comment se compare-t-il aux placements traditionnels? Très tôt, la question s’est posée de savoir si l’on sacrifiait le rendement en investissant de manière éthique. Et la réponse de l’industrie a toujours été : non, pas du tout. D’une manière générale, sur le long terme, est-ce que l’on renonce à quelque chose avec des placements ESG? Ou peut-on s’attendre à des rendements comparables aux indices traditionnels?

JEFF : Ces deux réponses peuvent être valables. Cela dépend des fonds eux-mêmes. Disons que vous avez un ensemble d’actions de jeunes entreprises de technologies propres. Elles peuvent très bien se comporter lorsque le secteur est performant. Mais quand le marché passe à autre chose, elles deviennent beaucoup moins performantes. Je crois qu’en règle générale, nous évoluons vers une plus grande intégration des facteurs ESG dans l’ensemble des entreprises et du monde du placement. Ces facteurs sont donc pris en considération, comme des facteurs de risque globaux, lors de l’analyse d’une entreprise ou d’un fonds.

ROB : L’une des difficultés que rencontrent les gens, au sujet des facteurs ESG, c’est qu’ils regardent parfois un fonds et se disent : « Horreur, il y a des compagnies pétrolières là-dedans. Et il y a des sociétés minières. »  Comment est-ce possible? Pouvez-vous nous parler de l’approche de la meilleure de la catégorie qu’adoptent certains fonds, qui recherchent, par exemple, la société énergétique la plus respectueuse de l’environnement?

JEFF : Si vous regardez certains FNB à thème ESG assez général, vous verrez des entreprises comme Enbridge, ou d’autres grandes entreprises de pipelines et du secteur de l’énergie. C’est parce qu’elles ont mis en place des programmes très stricts pour mesurer, rendre compte et développer des stratégies d’amélioration concernant, par exemple, leurs émissions de CO2. Elles bénéficient du fait qu’elles ont de nombreux employés qui travaillent sur ces enjeux. Elles produisent des rapports en utilisant certains des modèles les plus rigoureux acceptés au niveau mondial. Et elles ont des stratégies pour s’améliorer. Cela les aide donc à améliorer leur note ESG globale mesurée par des agences de notation externes.

ROB : Ce qui me semble intéressant à cet égard, c’est que les investisseurs des fonds ESG ont encore accès à certaines des grandes entreprises canadiennes, celles qui versent le plus de dividendes, les grandes valeurs sûres, les grandes entreprises stables qui ont prouvé au fil des décennies qu’elles pouvaient générer de la valeur pour les investisseurs. Et personne ne veut se priver de ces entreprises, vous ne pensez pas?

JEFF : Évidemment non. Il y a une véritable guerre philosophique dans le monde des facteurs ESG. Certains disent que les entreprises ne devraient pas investir dans les combustibles fossiles, ni en produire de quelque manière que ce soit, pour que le Canada puisse atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050. C’est donc une philosophie qui préconise le désinvestissement. Il y a une autre philosophie, c’est celle que vous entendez de la part des grandes banques canadiennes et de certains groupes d’investissement responsable, qui dit qu’il faut cibler les domaines dans lesquels les émissions sont les plus élevées. Il faut cibler les champs de pétrole, il faut cibler l’industrie minière, et il faut les aider à développer des stratégies de décarbonisation, de façon à voir une incidence globale très puissante sur les émissions canadiennes.

ROB : Pouvons-nous faire confiance au label ESG, Jeff? Ou y a-t-il des entreprises qui se font passer pour plus vertueuses qu’elles ne le sont en réalité?

JEFF : C’est en quelque sorte le problème sous-jacent du secteur ESG. Vous savez, avec autant d’argent investi dans les fonds liés aux facteurs ESG, il y a un risque que cela devienne, en quelque sorte, la saveur du mois. Que les gens voient des signes de dollar et que ce soit la seule couleur qui compte pour eux, celle de l’argent... Il y a un risque que les entreprises misent sur des gains environnementaux mineurs. L’écoblanchiment est un problème très présent. Les organismes de réglementation l’ont remarqué et commencent à s’y attaquer. La SEC aux États-Unis et les Autorités canadiennes en valeurs mobilières au Canada ont commencé à instaurer des politiques qui imposent aux entreprises de divulguer des renseignements beaucoup plus spécifiques sur les facteurs ESG, en particulier le climat dans un premier temps, afin de s’assurer que les entreprises sont à la hauteur de leurs affirmations.

ROB : L’écoblanchiment, c’est le fait pour une entreprise de se présenter comme un militant de l’environnement, alors qu’elle ne l’est pas vraiment et se contente d’en donner l’impression.

JEFF : Exactement. Il existe une très grande diversité d’écoblanchiment. C’est un enjeu mondial. Une entreprise peut, par exemple, faire des déclarations sur les efforts visant à assurer davantage d’équité entre les sexes au sein de sa main-d’œuvre, ou n’importe quelle autre promesse, et n’avoir, concrètement, que très peu d’éléments concrets à présenter.

ROMA : La montée en puissance des facteurs ESG a été accompagnée de critiques. Certains se demandent s’il ne s’agit pas d’un grand stratagème de marketing, ou même d’une vaste supercherie. Rob, que dites-vous à ceux qui critiquent l’investissement ESG?

ROB : Je leur dis de prendre un peu de recul. C’est une tendance qui a de l’avenir, et qui est en train de se développer. Elle s’appuie sur une grande logique et sur beaucoup de bon sens. Les gens veulent investir en fonction de leurs valeurs et l’investissement ESG leur permet de le faire de manière peu coûteuse, propre et transparente, s’ils optent pour des FNB. Je suis surpris que le décollage ait pris autant de temps.

ROMA : L’essor de l’investissement ESG est sans aucun doute un sujet que nous allons suivre de près au cours des prochains mois et des prochaines années. Venons-en maintenant à ce que nous devons retenir.

ROB : Premièrement, l’investissement socialement responsable, aussi appelé ESG, est tout à fait légitime. Je ne vois aucune raison de ne pas investir une partie ou la totalité de votre CELI et de votre REER de cette façon. Pour commencer, faites l’essai d’une répartition 50-50. Deuxièmement, toutes les grandes sociétés de placement offrent des options d’investissement ESG. Renseignez-vous sur leur fonctionnement et choisissez celle qui vous convient le mieux. Troisièmement, de nombreux robots-conseillers proposent des portefeuilles ESG. C’est le moyen le plus simple de commencer.

ROMA : Merci d’avoir écouté Test de résistance. Cette émission a été produite par Kyle Fulton, Emily Jackson et Zahra Khozema. Notre productrice exécutive est Kiran Rana. Merci à Sonja et à Jeff Jones de s’être joints à nous cette semaine.

ROB : Vous trouverez Test de résistance (Stress Test en anglais) sur Apple Podcasts, Google Play, Spotify ou votre application de baladodiffusion préférée. Si vous avez aimé cet épisode, partagez-le avec vos amis et donnez-nous une note de cinq étoiles.

ROB : Dans le prochain épisode, nous parlerons de TikTok. Nous assistons à une explosion des conseils en finances personnelles sur ce réseau social célèbre pour ses vidéos courtes et accrocheuses. Nous discuterons avec un utilisateur et un créateur pour savoir pourquoi les membres de la génération Z se tournent vers cette source non traditionnelle de conseils financiers.

ROMA : En attendant, retrouvez-nous sur le site du Globe and Mail. Merci de nous avoir écoutés.

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