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You had your best-laid plans and then COVID-19 came along and hammered the entire economy. But you’ve got this – if you have the right information. Join Rob Carrick and Roma Luciw on Stress Test, a podcast guiding you through one of the biggest challenges your finances will ever face.

ROMA: Les Canadiennes attendent de plus en plus longtemps pour avoir des enfants. Et celles qui en ont en ont moins. Certains disent que l’argent est l’une des principales raisons de cette situation.

ROB: Le nombre moyen d’enfants par famille a atteint son niveau le plus bas pendant la pandémie. Même s’il est remonté en 2021, il reste à son plus bas en 30 ans. Et l’âge moyen auquel les femmes ont un enfant n’a jamais été aussi élevé : le quart des femmes ont 35 ans ou plus au moment de la naissance.

ROMA: Bienvenue à Test de résistance, une baladodiffusion sur les finances personnelles pour les milléniaux et les membres de la génération Z. Je m’apelle Roma Luciw, je suis rédactrice en chef de la rubrique des finances personnelles du Globe and Mail.

ROB: Et je m’appelle Rob Carrick, chroniqueur en finances personnelles au Globe and Mail. Aujourd’hui, nous abordons l’un des sujets les plus PERSONNELS des finances personnelles. Le coût de la décision d’avoir un enfant, à quel moment, et combien en avoir. Roma, à quoi ressemble ce calcul?

ROMA: Eh bien, je veux commencer par dire qu’évidemment, ce n’est pas seulement une question d’argent. Il y a aussi le statut de votre relation, de votre corps, de votre mode de vie. Il y a aussi votre carrière et votre potentiel de revenus, votre situation en matière de logement, votre niveau d’endettement. C’est donc bien sûr en partie une question d’argent. Parce que les enfants vont drainer vos finances dès leur naissance. En fait, je dois dire que les miens drainent encore mes finances. C’est inévitable. Et le plus grand différentiateur de richesse que je constate, quand je compare mes amis qui sont dans la quarantaine, c’est le fait d’avoir ou non des enfants. En réalité, si vous n’avez pas l’impression d’être dans une situation sûre et stable, il est probable que vous aurez du mal à envisager d’ajouter un enfant à l’équation.

ROB: Vous savez quoi? C’est triste à dire, mais la situation financière joue de plus en plus, notamment sur la décision concernant la taille de la famille.

ROMA: Quand nous avons décidé de faire cet épisode, Rob, nous voulions creuser l’idée de savoir si les jeunes adultes étaient effectivement privés de la possibilité d’avoir des enfants. C’est donc ce que nous allons découvrir.

ROB: Après la pause. Nous allons rencontrer une femme qui repousse son projet d’avoir des enfants jusqu’à ce qu’elle puisse s’acheter une maison.

LAMEES: Je m’appelle Lamees, j’ai 27 ans et je vis à Mississauga.

ROB: Lamees a toujours voulu avoir des enfants. Elle avait même fait un scrapbook avec ses projets.

LAMEES: J’ai commencé mon album à 12 ou 13 ans et j’y ai apporté des modifications chaque année. Le plus important, c’est que j’avais imaginé qu’à 25 ans, j’aurais trouvé l’homme que j’aime et avec qui je veux vivre ma vie, nous aurions commencé à envisager d’avoir des enfants, nous serions propriétaires d’une maison dans un endroit agréable et j’aurais exercé le métier de mes rêves, qui à l’époque consistait sans doute à travailler avec Beyoncé ou Kim Kardashian! On peut peut-être dire que j’ai réussi certaines choses, je suis vraiment heureuse de travailler dans les communications. J’ai trouvé la personne avec qui je veux passer ma vie, nous nous sommes mariés en septembre dernier. Sur ce plan, je me sens vraiment chanceuse et heureuse. Mais en même temps, je pense que je suis un peu déçue de ne pas avoir encore de maison. Et par conséquent, je pense maintenant à retarder l’arrivée des enfants.

ROB: Sa famille a immigré au Canada en 2010. Ses parents ont toujours insisté sur l’importance d’acheter sa maison, mais Lamees et son mari n’en ont pas les moyens.

LAMEES: C’était assez important pour moi parce que j’ai toujours imaginé que j’achèterais ma maison avec mon partenaire, simplement parce que ce serait notre premier achat important. Nous avions imaginé que nous serions en sécurité dans notre relation, d’abord parce que nous serions mariés, et ensuite parce que nous aurions une maison à nous. Il semblerait presque que la prochaine étape naturelle soit d’agrandir notre famille, et cela fait partie de nos projets. Mais le tout était d’avoir la sécurité, la sécurité de l’endroit où nos enfants allaient vivre, où ils allaient grandir. Est-ce que cette maison serait proche, par exemple, d’une bonne école et de l’épicerie? Évidemment, à mesure que la vie avance, si vous n’obtenez pas l’emploi de vos rêves, la maison de vos rêves, le pays de vos rêves, peu importe, il faut prendre les choses comme elles viennent. Mais en même temps, nous faisons tout ce que nous pouvons pour planifier ces situations. Et dans notre cas, quand nous avons dit que nous voulions d’abord une maison, nous avons eu une discussion ouverte à ce sujet. Est-ce que cela signifiait que nous allions nous précipiter pour avoir des enfants dès que nous aurions une maison? Que nous devions retarder nos plans?

ROB: Et Lamees et son mari ont d’autres envies, en plus de la maison. Ils dépensent leur argent pour voyager, assister à des spectacles d’humour et aider leurs parents. Elle sait que leurs dépenses devront changer lorsqu’ils auront des enfants. Elle s’inquiète également de l’impact des enfants sur le revenu qu’elle pourrait espérer à l’avenir.

LAMEES: Le congé de maternité, ça me stresse. Je crois qu’au début de la vingtaine, on ne pense pas vraiment pas à son avenir financier. On s’imagine invincible, on pense que les problèmes du lendemain peuvent attendre. Mais quand on se réveille, demain est devenu aujourd’hui. Je suis stressée par la trajectoire de ma carrière en ce moment. J’ai prévu de suivre une trajectoire ascendante. Si je m’en éloigne maintenant, pourrai-je reprendre mon poste à mon retour? En plus, je l’ai entendu de la part de tant de femmes dans tous les domaines, lorsqu’elles sont revenues au travail, on leur avait enlevé presque toutes leurs responsabilités et on leur a confié des tâches administratives subalternes, des choses que leur assistante ou leur assistant faisait peut-être avant. Et j’ai peur que tout ce sur quoi je travaille et pour lequel j’ai travaillé, on me le retire. Parce que j’ai choisi d’avoir un enfant? Je peux dire en toute confiance que l’entreprise pour laquelle je travaille actuellement aide beaucoup les jeunes parents, d’après ce que j’ai vu, mais je sais que tout le monde n’a pas cette sécurité.

ROB: Dans son scrapbook, elle s’imaginait avoir des enfants à peu près maintenant. Quand se sentira-t-elle financièrement prête à avoir des enfants?

LAMEES: Je n’ai pas de réponse claire. Je veux être capable de donner le meilleur aux enfants que j’aurai un jour, je veux assurer leur sécurité, leur donner l’enfance que j’ai eue. Alors si je pense que je ne suis pas capable de faire ça, est-ce que c’est vraiment juste pour moi d’avoir ces enfants? Il est difficile de répondre à cette question, car je me sens vraiment fière et en sécurité, avec ma carrière et celle de mon mari. Je suis satisfaite de l’épargne que nous avons amassée, mais elle était suffisante pour le marché immobilier d’il y a peut-être deux ans. J’en ai parlé à des agents, qui m’ont répondu : « C’est un joli petit montant. » Cela me fait penser que nous sommes bons, mais pas assez bons. Je me sens à l’aise maintenant de pouvoir, comme je l’ai dit, planifier des voyages ou des excursions, ou sortir pour un bon dîner, ou même aller à l’épicerie sans comparer les prix dans les circulaires. C’est comme ça. Je me sens bien, mais je ne me sens pas tout à fait assez bien.

ROB: Elles espèrent tout de même qu’ils pourront acheter une maison et avoir un enfant d’ici à ce qu’elle ait 30 ans. Même s’ils ne se sentent pas tout à fait prêts.

LAMEES: C’est quelque chose que j’ai déjà dit à mon mari, on ne sera jamais vraiment prêts. Et si ce bébé fait exploser sa couche? On n’est jamais vraiment prêt. On prend les choses comme elles viennent. Voilà donc où nous en sommes. Nous savons que, peu importe si nous le faisons maintenant ou plus tard, il y aura forcément un problème qui surgira et que nous devrons affronter ensemble. Cela ne me dérange pas vraiment, et je pense que c’est la même chose dans beaucoup de domaines. Mais en même temps, culturellement, on s’attend généralement à ce qu’après le mariage, on passe automatiquement à la phase suivante, avoir des enfants. Des aînés de nos deux familles sont venus nous voir et nous ont dit : « Vous avez franchi une année. Il est peut-être temps de penser à fonder une famille. » Quand je leur dis que nous avons d’autres choses à régler avant d’avoir notre premier enfant, ils disent toujours que chaque enfant a sa propre destinée, qu’il a quelque chose de mystique, alors que vous vous dites plutôt, d’accord, mais vas-tu nous aider, par exemple avec le REEÉ de cet enfant? Alors, c’est très bien de penser que tout va s’arranger. Mais en même temps, si je peux éviter ces problèmes à l’avance, je préfère.

ROB: Maintenant, nous allons écouter Maria, qui ne veut pas du tout avoir d’enfants à cause de l’argent.

MARIA: Je suis ravie de vous rencontrer. Je m’appelle Maria. J’ai 28 ans et j’habite à Vancouver. C’est après avoir été nounou que j’ai décidé que je ne voulais pas d’enfants. Pourtant, j’adorais mon travail. J’ai travaillé avec au moins cinq familles. Et je suis restée longtemps avec elles. Je me suis vraiment impliquée avec les familles, j’en faisais pratiquement partie. C’était très agréable, j’ai adoré ça. Mais j’ai observé beaucoup de choses et j’ai réalisé que je ne voulais pas me retrouver dans cette position. Et tout cela a commencé à me faire comprendre que je ne voulais pas avoir d’enfants.

ROB: Maria a également vu sa sœur, médecin spécialiste en soins intensifs et mère célibataire en Espagne, se battre pour payer les factures.

MARIA: Cela va sembler égoïste, mais cela oblige à faire passer d’autres personnes avant soi. Avoir des enfants, c’est beau, c’est merveilleux. Mais les temps ont changé. Et ça coûte tellement cher. Je ne pense pas vouloir subir cela, même si je travaille fort. Vous savez, j’ai immigré au Canada il y a neuf ans et je suis enfin dans un endroit où je suis vraiment heureuse, où je suis bien. Et je suis aussi à un âge où on pense : « Oh, c’est le moment d’avoir un bébé, parce qu’après, il sera trop tard. Ton corps ne sera plus le même. » Évidemment, tout cela entre par une oreille et ressort par l’autre. Cela ne m’affecte pas une seconde parce que le confort que j’ai maintenant, je ne veux pas le perdre, je travaille dur pour cela et je ne veux pas finir comme ma sœur. Je suis désolée, mais je ne veux pas finir comme ma mère qui a eu tellement d’enfants qu’elle ne savait pas quoi en faire. Je me choisis et je choisis de vivre la vie que je veux.

ROB: Maria s’est mariée jeune et a tenté de fonder une famille au début de la vingtaine, mais elle a divorcé après trois ans. Elle est heureuse de ne pas avoir d’enfant. Elle est heureuse de la liberté que sa vie sans enfant lui apporte, même si la vie sur la côte ouest est chère.

MARIA: Vous ne serez pas surpris si je vous dis que Vancouver est très chère, mais en même temps, je trouve qu’ici j’ai plus d’opportunités que partout ailleurs, et j’aime la liberté plus que tout. Personne ne devrait rester coincé dans un endroit qui le rend malheureux. À Vancouver, si vous n’aimez pas votre travail, vous changez. Si vous n’aimez pas votre adresse, si vous n’aimez pas l’endroit où vous vivez, vous trouvez un moyen de déménager. C’est différent, non? C’est ce que j’ai vécu. J’ai déménagé. Sans problème. Mais avoir un enfant change complètement la donne, d’abord parce que ce que ça coûte, notamment pour le loyer, est vraiment énorme. Il y a aussi les couches. J’ai été nounou, je sais que les couches coûtent cher. Vous savez, je gagnais juste un peu moins que la dernière personne pour qui j’ai travaillé. Quand cette maman m’a dit qu’elle gagnait à peu près la même chose que moi, je me suis demandé pourquoi elle ne restait pas à la maison avec ses enfants? En fait, la possibilité de progresser dans son entreprise l’obligeait à travailler. Évidemment, je ne pouvais pas envisager cela pour moi. Je peux me débrouiller seule, je peux m’offrir une belle vie. Je peux payer mon transport, ma nourriture. Je peux payer mon hypothèque. Je peux payer le téléphone, l’électricité. Il me reste un peu d’argent. J’en ai assez pour voyager et économiser pour l’avenir. Mais je n’aurais pas assez d’argent pour les couches, pour le lait maternisé et la garde des enfants. Je sais que ce n’est pas possible. Pas pour moi.

ROB: L’argent n’est pas la seule raison pour laquelle elle ne veut pas avoir d’enfants, mais c’est une raison importante.

MARIA: Si ma situation financière changeait, je choisirais plutôt d’adopter. Je pense qu’il y a beaucoup d’enfants qui ont besoin d’une famille. Bien sûr, cela dépendrait de mon partenaire, et je ne serais ouverte à l’idée d’adopter que si j’avais la garantie d’avoir une nounou à domicile, et tout le reste. J’ai aussi peur du stress que la maternité ferait subir à mon corps. Je l’ai vu. Ce n’est pas amusant. Je vais au centre de conditionnement physique, je mange sainement, je prends soin de mon corps, et je vais de nouveau paraître égoïste, mais je ne veux pas gâcher tout cela. Ma situation me convient. J’ai un chat. J’adore mon chat. Et toute ma famille a un tas de bébés. J’ai tous les bébés du monde dont je dois m’occuper et dont je dois être la tante cool. À ce moment de ma vie, c’est ce que je veux pour moi.

ROB: Après la pause, un expert en finances personnelles nous explique combien coûtent les enfants et pourquoi les gens retardent cette dépense ou cherchent à l’éviter purement et simplement.

ROMA: Melissa Leong est experte en finances personnelles. Elle vit à Toronto. Voici la conversation que nous avons eue.

ROMA: Selon les dernières données, le taux de natalité au Canada n’a jamais été aussi bas. Nous savons que les femmes retardent le moment d’avoir un enfant. Bien sûr, il y a toutes sortes de raisons qui amènent à une telle décision, mais l’argent est-il l’une de ces raisons? Quel rôle joue-t-il?

MELISSA: Vous avez mis le doigt sur le problème, Roma. C’est compliqué, mais l’argent est le nœud du problème. Tout cela est en grande partie une question d’argent. Vous savez, les recherches et les enquêtes révèlent que quand vous demandez aux femmes pourquoi elles retardent la naissance d’un enfant, la raison première, c’est l’argent. Ou elles n’en ont pas assez, ou elles attendent d’en gagner plus. Beaucoup de jeunes femmes de la génération du millénaire sont confrontées à ce choix terrible entre la sécurité financière et les enfants. Je crois que ce choix est plus difficile pour cette génération que pour toute autre génération qui l’a précédée. Nous en parlons tout le temps. Les femmes d’aujourd’hui sont très conscientes du prix à payer pour avoir des enfants. Nous leur disons quel est le prix à payer pour avoir des enfants. Il s’agit entre autres de l’écart salarial. Nous parlons de la pénalité de la maternité dans cet environnement dans lequel il y a tellement de pressions contre nous, nous devons nager à contre-courant, nous devons nous battre. C’est normal que nous soyons stressées. Les jeunes femmes sont légitimement stressées par l’argent et par cette décision de retarder sa famille pour tenter d’avoir une certaine stabilité financière.

ROMA: Bon. Évidemment, nous savons que les enfants peuvent coûter cher. Quels sont les coûts les plus importants, quand on a des enfants? Pas seulement les bébés, mais au fil du temps?

MELISSA: Le coût le plus important, c’est la garde des enfants. Il n’y a pas assez de gens qui savent que, dans une grande ville, une garderie agréée peut coûter jusqu’à 2 000 dollars par mois. Une somme énorme, gigantesque pour une famille qui ne s’est pas posé la question et qui ne s’y attend pas. Selon moi, c’est un aspect que plus de parents, plus de futurs parents, plus de parents en herbe devraient étudier lorsqu’ils en sont à la planification. Juste pour avoir une idée. Pour que ce ne soit pas un choc.

ROMA: La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de l’espoir en vue avec le déploiement de garderies à 10 $ par jour dans tout le Canada. Maintenant, Melissa, pouvez-vous nous parler d’autres problèmes surprenants avec lesquels les parents sont aux prises?

MELISSA: Ce qui m’a surprise, c’est la honte que vivent certaines mamans. Cette honte est bien réelle. Il ne s’agit pas de malice ou de mauvaise intention. Mais il semble que cette génération consacre plus de temps et d’argent aux enfants. On parle de parentalité intensive. Vous savez, Roma, quand vous êtes à fond dedans, que vous participez à tout et que vous voulez que vos enfants aient tout. Il y a une maman, parmi mes voisines, qui a inscrit ses enfants à toutes sortes de programmes. Qui coûtent au moins 300 $ chacun. Vous voulez mettre un enfant à la batterie, c’est 50$ la leçon. Je n’ai pas eu tout cela quand j’étais enfant. Mes parents me disaient d’aller dehors, de jouer. Prends un livre! C’est probablement la raison pour laquelle j’écris des livres. Mais la nouvelle génération, avec les médias sociaux, tout le monde voit ce que fait tout le monde, et certains se sentent mal. Chacun a l’impression de ne pas en faire assez. Chacun redoute de nuire à son enfant en ne lui donnant pas autant que les autres.

ROMA: Je lis et j’entends parler de cela de temps en temps. Les gens citent l’argent comme la raison principale pour laquelle ils ont décidé de ne pas avoir d’enfants. Ils sont trop serrés. Ils sont dans une situation financière trop précaire pour leur offrir l’enfance qu’ils désirent pour eux. Vous le dites, il y a des gens qui disent qu’ils ne peuvent pas se permettre d’avoir des enfants.

MELISSA: Vous savez, les femmes sont beaucoup plus instruites maintenant que dans les générations précédentes. Nous sommes aussi très endettées quand nous obtenons notre diplôme et nous sommes poussées à rembourser, à repousser les limites de notre carrière. Vous savez, quand vous regardez la population active, il y a plus de femmes dans les emplois de type professionnel. Avec toutes mes meilleures amies, nous lisions des livres qui nous disaient de briser ce plafond de verre. Donc, nous ressentons ce fardeau, nous participons à cette conversation sur le désir d’avoir une famille. Voulons-nous avoir des enfants? Devrons-nous attendre? Nous devons attendre parce que nous devons travailler. Nous devons nous construire jusqu’au point où nous avons assez, comme on dit, ou où nous sommes établis dans cette société qui glorifie la culture du travail. Une multitude de mèmes sur Instagram parlent de l’agitation, de la bousculade, il faut se dépêcher. Et quand j’avais 20 ou 30 ans, il fallait travailler, travailler, travailler. Et en tant que fille d’immigrants, ma sœur, qui avait huit ans de moins que moi, et moi, avons suivi le même chemin, nous avons repoussé le moment d’avoir des enfants jusqu’à ce plus de 35 ans. Il n’y a que peu de politiques qui aident à concilier travail et famille. Nous le savions. Et nous avions déterminé ce que nous devions faire en premier. C’est pour cela que nous prenons soin de nous d’abord. Et maintenant, je suis une mère qui a eu la chance d’avoir des enfants quand elle le voulait. J’ai des amies qui ont attendu d’avoir 35 ans et qui ont ensuite eu des difficultés et ont dû dépenser pour cela. Elles ont investi leurs économies dans des traitements de fertilité. Maintenant, je parle à des amies qui me disent oui, je dois le faire, mais je ne sais pas si je pourrai me permettre de garder ce mode de vie si j’ai trois enfants. J’ai des amies qui ont un enfant, mais qui ne pensent pas pouvoir se permettre d’en avoir un autre.

ROMA: Voilà qui m’amène à une question intéressante. Vous savez, les générations précédentes, par exemple les baby-boomers, s’ils entendent ça, ils diront que ça a toujours coûté cher d’avoir des enfants. Qu’est-ce qui a changé?

MELISSA: Je ne crois pas que ça a toujours été aussi cher d’avoir des enfants. Je pense que c’est totalement différent. Il y a plus de femmes sur le marché du travail et cela a un coût. C’est un coût en temps. Cela signifie qu’il y a un parent qui n’est pas à la maison, qui n’est pas censé être à la maison, alors que cela permettait aux parents d’économiser sur la garde des enfants. Aussi, il y avait moins d’attentes au sujet de ce que les enfants étaient censés faire de leur temps. L’université, les études n’étaient pas si chères. Les gens n’étaient pas aussi endettés au moment d’obtenir leur diplôme, maintenant ils mettent plus de temps à rembourser avant de fonder leur famille.

ROMA: D’accord. Évidemment, on ne peut pas parler des enfants sans parler du coût du logement. Et c’est une énorme différence entre les générations. Le logement est aujourd’hui inabordable. C’est à ne pas négliger. Pensez-vous que les jeunes générations se heurtent à des problèmes comme l’impossibilité d’élever des enfants dans un appartement ou la nécessité d’être propriétaire d’une maison avant de fonder une famille? Dans quelle mesure est-ce un obstacle à l’atteinte d’une indépendance financière suffisante pour avoir un enfant?

MELISSA: C’est vraiment énorme. Quand je parle aux membres de ma famille, quand je parle à des amis plus jeunes qui sont au début de leur carrière, ils ont une très longue liste de choses qu’ils pensent devoir accomplir pour devenir, entre guillemets, des adultes. Je suis en train de devenir adulte. J’ai ceci, j’ai réussi cela. Mais en fait, les objectifs qui figurent sur cette liste sont beaucoup plus difficiles à atteindre pour cette génération. Par exemple, l’achat d’une première maison à Toronto. C’est une tâche considérable pour une célibataire qui termine ses études endettée et qui entame sa carrière. Vous aviez des aspirations différentes pour votre travail. Vous pensiez que vous sortiriez et que la carrière que vous vouliez vous attendait. Ça aussi, ça a changé. Aujourd’hui, vous vous rendez compte que l’emploi est devenu beaucoup plus aléatoire. Vous parvenez péniblement à assembler différents contrats et emplois, mais vous n’avez pas d’avantages sociaux. Cela représente beaucoup d’argent. Il ne faut pas le négliger. Les éléments de cette liste, donc, exigent beaucoup plus de travail. Et je peux imaginer que les gens pensent qu’avant de fonder une famille, ils veulent que tous ces éléments soient réunis.

ROMA: Vous avez abordé ce sujet à plusieurs reprises. Avoir un enfant, ce n’est pas que payer tous les frais que cela occasionne. Cela a un coût pour votre carrière. Dans quelle mesure est-ce un critère pour les gens qui essaient de décider s’ils veulent être parents?

MELISSA: J’étais très consciente du coup que cela allait donner à ma carrière et du fait que, en m’absentant pour m’occuper de mes enfants, cela affecterait mon salaire. Un mois avant le début de mon congé, j’avais écrit pour le Financial Post un article sur la pénalité engendrée par la maternité. J’avais interrogé des avocates qui m’avaient dit qu’à leur retour, on leur avait dit qu’elles n’avaient pas été considérées pour certains projets ou certaines occasions. Elles ne pouvaient pas autant voyager, alors c’étaient leurs collègues qui étaient promus. J’ai ressenti cela. J’ai ressenti cette peur, cette peur légitime. J’avais écrit une statistique, et je n’arrêtais pas de la regarder pendant ma grossesse : à 40 ans, les mères qui ont pris plus de trois ans de congé de maternité gagnent 30 % de moins que les femmes qui n’ont pas d’enfant. D’après les recherches, si cette pause a lieu plus tard, l’écart de salaire n’est pas aussi prononcé. Cette idée me trottait dans la tête. Alors qu’en fait, je voulais penser à de jolis petits pieds potelés. Mais en attendant, je pensais aux conséquences sur mes aspirations salariales. C’est quelque chose dont nous parlons toutes. Cette peur est légitime et réelle. Je veux voir plus d’entreprises, plus de professionnels des RH, de gestionnaires qui sont proactifs dans la recherche d’outils et de ressources. J’essaie de comprendre comment gérer cette transition pour les mamans et pour les parents en général, afin que nous puissions combattre certains de ces préjugés dans la société. Je veux que davantage d’hommes et de femmes en parlent au travail.

ROMA: Vous avez un peu abordé ce sujet, à savoir les mesures que nous pouvons et que nous devons prendre pour aider. Y a-t-il quelque chose que les gouvernements ou les entreprises devraient faire pour rendre la maternité plus abordable?

MELISSA: Des garderies universelles. Des politiques de congés parentaux plus souples. Vous savez, d’autres pays ont mis en place des congés de maternité plus généreux. Et le taux de fertilité chez les femmes en âge d’avoir des enfants y a augmenté. Il faut avoir une conversation sérieuse à ce sujet. On a souligné à grands traits que le congé de maternité a été prolongé et est passé de 12 à 18 mois. Formidable. Mais il n’y a pas plus d’argent! Le montant de l’aide est resté le même, mais elle est répartie sur une période plus longue. Quel est l’intérêt? Cela n’aide pas vraiment pour la perception des mères qui travaillent en général. Cela n’aide pas pour le fait que le milieu de travail est moins favorable. Cela n’aide pas pour les préjugés à l’embauche. Et donc, en fait, les progrès que nous pensions faire avant la pandémie, je suis inquiète qu’ils n’aillent pas dans la bonne direction. Et je me sens frustrée. Vraiment.

ROMA: Eh bien, je partage cette frustration. Et je soupçonne que c’est en partie ce que ressentent ces parents. Et si à ce stade, vous sortiez votre boule de cristal. Avancez de dix ans. Comment pensez-vous que les membres de la génération Z verront la parentalité? Voyez-vous des différences significatives dans la façon dont ils aborderont cette question?

MELISSA: Je veux être optimiste et dire que la société va faire des progrès, progrès qui feront que nous pourrons prendre ces décisions en nous sentant plus en sécurité et en écoutant notre cœur plutôt que les inquiétudes et les voix dans notre tête qui nous disent que nous devons poursuivre notre carrière et être tout ce que nous devons être. Et j’espère que nous serons plus solidaires avec les femmes, et avec tout le monde, lorsqu’il s’agira de faire tous les choix que nous voulons faire, y compris celui de fonder une famille. Mais je ne sais pas. Parce qu’il a fallu des décennies pour gagner ce que je considère comme des besoins fondamentaux, de base, pour que les femmes puissent se permettre d’avoir une vie. Et il y a encore beaucoup de femmes qui luttent.

ROMA: Melissa, pour nos auditeurs qui sont peut-être en train de se débattre avec la décision d’avoir ou non des enfants... Quel genre de conseils leur donnez-vous?

MELISSA: Je pense que les gens nous disent que nous pouvons tout avoir, mais pas en même temps. Il y a un calendrier à respecter. Je pense que cette pression fait que les gens se sentent mal. Mais tout ce que vous pouvez faire, c’est vivre le moment. Fixez-vous de petits et de grands objectifs, des objectifs à court et à long terme, et essayez de vous contenter de ce que vous pouvez contrôler à ce moment. Vous ne pouvez pas contrôler l’inflation ou la hausse des taux d’intérêt, qui pourraient mettre la maison de vos rêves hors de portée. Mais la vie est faite de moments, de petits moments aussi. Et si vous prenez soin de vous, les choses arriveront. Essayez juste de ne pas vous laisser submerger. On se laisse submerger quand on regarde la situation dans son ensemble et qu’on se dit, attention, regarde tout ce qu’il faut faire, je suis vraiment en retard. Regarde toutes les pressions, les écarts de salaires, et tout le reste. Dans votre vie personnelle, faites ce que vous pouvez faire pour vous-même, au bon moment, même de petites choses, quand il s’agit de finances, ne serait-ce qu’automatiser la mise côté périodique d’une petite somme pour l’avenir, pour une urgence, pour une sorte de plan de dépenses. C’est une habitude à prendre. C’est une petite chose, mais les petites choses peuvent avoir un effet d’entraînement très puissant sur votre avenir.

ROMA: La partie sentimentale de moi-même voudrait dire que les enfants ont besoin d’amour et de soutien. Et peut-être pas de tous les cours et des toutes dernières technologies, mais, de sentir qu’ils sont aimés et que vous êtes là pour eux.

MELISSA: Je me dis que chaque fois que mon enfant crie pour avoir un nouveau jouet, par exemple le dernier jeu Pat Patrouille... ou autre chose. Je sais qu’en fait, il veut mon amour, il veut mon temps. On va juste passer du temps ensemble.

ROMA: Melissa, dans quelques années seulement, ils achèteront leurs chaussures de sport sur Internet. Voilà ce qui est en train de se passer.

MELISSA: Je ne vais pas leur donner ma carte de crédit. Je garde mon argent.

ROB: Un grand merci à Melissa qui nous a tant aidés. Il y a de nombreuses raisons de retarder le moment d’avoir des enfants, ou même de ne pas en avoir du tout. Mais si l’argent est la principale raison qui vous retient, Roma a trois choses à vous dire.

ROMA: 1) Envisagez la possibilité d’avoir un enfant avec la même attention et le même souci du détail que vous le feriez pour acheter une maison. Dressez la liste des dépenses importantes, chaque semaine et chaque mois, et assurez-vous de pouvoir payer à la fois la garde des enfants et le loyer ou le prêt hypothécaire.

2) Il n’y a pas de moment idéal pour avoir un bébé. Si vous savez que vous voulez en avoir un et que vous êtes financièrement stable, allez-y.

3) Il y a beaucoup de pression pour dépenser de l’argent afin d’assurer toutes sortes de choses pour vos enfants, des sports aux camps en passant par les vacances et les fêtes d’anniversaire. Mais en fin de compte, c’est à vous de décider ce que vous pouvez ou ne pouvez pas vous permettre. Et il est très probable que votre enfant s’en sortira très bien.

ROB: Merci d’avoir écouté cet épisode de Test de résistance. Cette émission a été produite par Kyle Fulton, Emily Jackson et Zahra Kozhema. Notre productrice exécutive est Kiran Rana. Merci à Lamees, Maria et Melissa de leur participation.

ROMA: Vous trouverez Test de résistance en anglais (Stress Test) partout où vous écoutez des balados. Si vous avez aimé cet épisode, donnez-nous une note de cinq étoiles sur Apple Podcasts et parlez-en à vos amis. Notre équipe aimerait donner un coup de chapeau spécial à bébé Naomi, la fille de notre productrice Emily qui vient de naître. Félicitations à toute la famille.

ROB: La semaine prochaine, ce sera le dernier épisode de Test de résistance de l’année. Nous avons lancé cette saison en parlant de la volatilité du marché immobilier avec des locataires. Nous la terminerons en nous entretenant avec des acheteurs récents, qui regrettent d’avoir opté pour un prêt hypothécaire à taux variable ou qui ont fait une bonne affaire lorsque les prix ont baissé.

ROMA : En attendant, retrouvez-nous sur le site du Globe and Mail. Merci à tous de nous avoir écoutés.

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